Après la première municipalisation accélérée que Pointe-Noire a connue en 2014, cette année 2022, sous l’impulsion du chef de l’Etat, Denis Sassou-Nguesso, la ville océane congolaise va bénéficier d’une municipalisation accélérée dite additionnelle. Dès l’annonce de cette nouvelle, les habitants des quartiers 418 Makayabou, Tchiali, Tchiloulou, Mongo-Poukou et Gambouissi ont poussé un ouf de soulagement. Leurs yeux sont désormais tournés vers les autorités municipales. Et pour cause, C’est dans ces quartiers où se trouvent les plus grands ravins de la commune rongés par les eaux de pluies.

Quand il pleut, de nuit comme de jour, l’inquiétude des habitants de ces quartiers monte d’un cran. Certaines ruelles se transforment en torrents qui deviennent des gorges d’une profondeur atteignant parfois 25 mètres. Des constructions entières sont englouties par le sable mouvant.
Lors des pluies diluviennes, hommes, femmes, jeunes et enfants sont contraints d’user de pelles, brouettes, râteaux, etc. pour dégager le sable et autres gravats qui envahissent les parcelles. Des maisons entières s’écroulent sous la furie des eaux. En 2019, par exemple, un couple, enseveli par le sable, avait perdu la vie.
Plus d’une centaine de propriétaires de maisons sont devenues aujourd’hui locataires. Et, comme un malheur ne vient jamais seul, l’approvisionnement en eau potable fournie par la société La Congolaise des eaux (LCDE) est devenu un casse-tête pour les ménages. Une situation qui dure depuis des lustres.
Les femmes sont obligées de recourir à l’eau des forages, de qualité parfois douteuse. Il n’y a pas non plus d’écoles, encore moins de structures de santé publiques.
L’éclairage public n’existe qu’à certains endroits. D’où la montée en flèche du phénomène de banditisme (bébés noirs, koulouna, etc.).
Les habitants des quartiers précités se disent abandonnés à eux-mêmes, et ne savent plus à quel saint se vouer. «Je fais partie des premiers habitants de ce quartier où, au départ, on vivait sans problème, quand il pleuvait. Mais, depuis que les Chinois ont abandonné les travaux de construction du caniveau qui conduit les eaux de pluies au lac Tchipounga, nous connaissons maintenant les érosions à grande échelle qui ravagent nos habitations, chaque fois qu’il pleut. Beaucoup de nos amis ont perdu leur vie, à cause de cette situation déplorable», a témoigné Paul Mvouendet, du quartier Tchiloulou. Et une femme ayant requis l’anonymat de renchérir: «Ce ne sont pas les moyens qui nous manquent. Pour s’en convaincre, voyez seulement comment l’argent sort du Trésor quand il y a l’organisation des élections dans ce pays. Vouloir, c’est pouvoir, dit-on. Si les autorités nous aiment réellement, c’est le moment de nous le prouver, si on ne veut pas voir ces quartiers disparaître sur la cartographie de la ville. Hormis la lutte contre les érosions, on devrait aussi profiter de relier certains quartiers d’accès difficile, en bitumant, par exemple, les bretelles allant du CQ 418 Makayabou, à la centrale Moukoukoulou à Mongo-Kamba; du rond-point Thystère à l’arrêt de bus Banque de vie, à Voungou, en passant par le quartier Bitémo; du rond-point Thystère au quartier Tchiali, en passant par le quartier André Jacques».
Maintenant que la ville de Pointe-Noire va bénéficier d’une municipalisation accélérée ‘’additionnelle’’, la Délégation générale des grands travaux, les autorités municipales, les responsables administratifs, civils, politiques et militaires sont invités à avoir un regard attentif sur ces quartiers d’accès difficile, pour tenter d’améliorer les conditions de vie des populations.

Equateur Denis NGUIMBI