Après de longues années de pénible maladie, Michel Boyibanda alias ‘’Michaux ou Vieux Bobo’’, artiste-musicien, auteur-compositeur et interprète de renom a fini par rendre l’âme, le 9 octobre 2024 au CHU de Brazzaville, à l’âge de 84 ans. Il y avait été admis depuis le 4 octobre à la suite d’une rechute de l’accident vasculaire cérébral (AVC). Faisant partie des monuments de la rumba congolaise moderne, il s’était retiré de la scène musicale depuis longtemps. Dans sa jeunesse, il fut l’un des artistes talentueux, qui a marqué la rumba congolaise des deux rives, pendant trois décennies. Sa dernière sortie en public remonte au mois de septembre, lorsqu’il a été reçu ensemble avec ses compères Céli Bitshou, Zao et Kosmos Moutouari, pour être congratulés par Maixent Raoul Ominga, directeur général de la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC).
Né le 22 février 1940 à Mokouango dans le district de Pikounda, dans le département de la Sangha, Michel Boyibanda, fils de Gabriel Boyibanda et de Simone Ewè-Ekoué est l’un des monuments de la musique congolaise et africaine. Elève agronome à Mouindi, dans le Niari, il n’a pu poursuivre ses études. Puis, il a été désorienté par le destin qui l’a amené sur le chemin de la musique. Chanteur aux heures perdues, il fait connaissance avec l’artiste-musicien émérite Franklin Boukaka à Dolisie en 1958 et intègre son orchestre, le Negro Band. Il commence sa carrière musicale, alors qu’il n’avait que 20 ans.
En 1963, il quitte Negro Band pour des problèmes de management et intègre l’orchestre Les Bantous de la capitale grâce au parrainage de Jean-Serge Essous. Dans cet orchestre créé le 15 août 1959, Michel Boyibanda n’est pas resté longtemps. Mais, il a laissé un chef-d’œuvre, la chanson “Masuwa Enani”. Peu après, il intègre l’orchestre OK Jazz sur conseil et proposition de Mulamba Mujos au patron de cet orchestre, Luambo Makiadi Franco. Malheureusement, il le quitte en 1967. En 1972, il réintègre l’OK Jazz devenu cette fois-ci Tout-Puissant OK Jazz à Kinshasa.
En 1977, marquées par des déceptions, Michel Boyibanda regagne son Congo natal. En 1978, il monte l’orchestre Les Trois frères avec Loko Massengo et Youlou Mabiala. Grâce au Président de la République de l’époque, Joachim Yhomby Opango, l’orchestre a pu s’acheter les instruments de musique. Cet orchestre ne vivra que huit mois, Youlou Mabiala étant parti, Michel Boyibanda et Loko Massengo montent un autre orchestre qu’ils vont dénommer Rumbayas qui ne mettra pas du temps aussi. Michel Boyibanda va alors se lancer dans une carrière solo et monte Ebuka Système.
Le répertoire de Michel Boyibanda est élogieux, il regorge des chansons phares comme: “Masuwa enani”; “Valente Yoka”; “Sens interdit Au kumbi 12”; “Okomi na M’Bemba”; “Bolingo na kozonga ou Miso na nzela”; “Essous ayambi ngai”; “Mbinzo Nzete esolola na moto te”; “Ata na Yebi”; “Diallo”; “Nana”; “Selenga”; ‘’Ma fille vient voir’’…Bien que musicien, Boyibanda s’intéressait également au sport, notamment au football, pour preuve, il a eu à entraîner à la fin des années 70, au milieu des années 80 et 90, les équipes de football de Kotoko de Mfoa ; de Patronage et d’Ajax de Ouenzé. De même, l’un de ses fils a porté les couleurs d’Etoile du Congo dans les années 2000.
Terre de la rumba moderne, le Congo qui est également sa terre natale devrait réserver à ce poids lourd de la musique congolaise des deux rives du Fleuve Congo, victime de l’AVC pour la première fois en 2015, des obsèques méritées.
Quatre jours après le décès de l’artiste, nous avons appris celui de son épouse, Sabine-Valérie Boyibanda, survenu le 13 octobre à 23h, des suites d’un diabète. Paix à leurs âmes!
Alain-Patrick MASSAMBA