Les populations de Dolisie étaient en émoi la semaine dernière. Le pseudo-rebelle Frédéric Bintsamou alias Pasteur Ntumi a fait une entrée remarquée dans la 3ème ville du Congo. Il s’est comporté, comme à l’accoutumée, de manière ambigüe : prônant la parole de Dieu d’un côté, et laissant quand-même comprendre qu’il est homme de puissance, et qu’il suffirait d’un rien pour qu’il passe d’homme de Dieu à foudre de guerre. C’est le Ntumi classique, qui a entraîné des hordes de fidèles et de miliciens Ninja à la ruine.
On commençait à s’habituer à cette molle accalmie qui peut s’appeler aussi, pourquoi pas, paix. En tout cas, cette irruption de Ntumi au-devant de la scène suscite quelques interrogations. Pourquoi maintenant? Que nous prépare-t-il? Quels appuis continuent de maintenir ses racines en terre et de lui insuffler la sève de vie? Comment vit-il et avec quels moyens? S’est-il rangé du côté de la paix ou continue-t-il de dissimuler dans son dos la fameuse machette dont la «gifle de Saint-Michel» a fait gémir de douleur plus d’une veuve sous les chaumières du Pool et arraché des larmes à quelques paysans pleurant à coté de leur safoutier abattu.
Non, Ntumi n’a pas commis d’exactions cette fois à Dolisie. Il s’y est presque comporté en gentleman, un homme quelconque venu chercher un lieu d’implantation de son siège dans le Niari. Notre pays est d’une rare élégance lorsqu’il s’agit de liberté de religion. Les adeptes vêtus de longues soutanes rouges, de houppelandes jaunes ou bleues, de tuniques ou foulards violets s’adonnent librement à leurs méditations transcendantales. Mais le cas de Ntumi tranche par l’inutilité de la violence infligée au nom de Dieu. Pourvu qu’il ne veuille pas reprendre du service.
Le pays est relativement calme aujourd’hui. Or, c’est dans ce genre d’atmosphère que « le Pasteur » affectionne de se donner à voir et de propager une théologie, non d’amour mais de privations. Espérons que cette analyse s’avère fausse cette fois-ci et que ses mentors finissent par se lasser d’une Bible qui cache des machettes et des méthodes de talibans.
Albert S. MIANZOUKOUTA