La Fondation Niosi a organisé samedi 17 avril 2021, à son siège à Brazzaville, une conférence-débat sur le thème: «La non-violence au 21e siècle», dans le cadre des samedis Niosi. Développé par Marcel Mbaloula, membre de la Fondation Niosi, ingénieur statisticien, cette conférence a eu pour objectif de sensibiliser le public sur la non-violence comme une solution à l’inhumanité et l’inefficacité de la violence dans le monde et en Afrique, et de promouvoir les règles d’or des droits et de la dignité humaine.

Fondation Niosi Marcel Mbaloula
Marcel Mbaloula

Le conférencier a d’entrée de jeu démontré que le XXe et le XXIe siècles sont caractérisés par la violence faisant allusion aux conflits armés, aux effets des conflits non soignés, à la pauvreté et la faim qui engendrent des migrations forcées, notamment des jeunes Africains vers l’Europe, aux mauvaises conditions de travail, aux injustices multiformes générées, entre autres, par le capitalisme libéral ou l’absence de l’Etat de droit…La violence cause la mort et la souffrance. En Afrique par exemple, les morts se comptent par millions, tout comme les réfugiés et déplacés de guerre, sans parler des dégâts matériels. Elle compromet la paix et la joie de vivre et hypothèque le développement d’une nation.
Marcel Mbaloula a en outre abordé l’origine du mouvement de la non-violence au XXIe, avec le Mahamat Gandhi en Inde. Ce mouvement remonte vers les années 1800, et le philosophe Henri David Thoreau en est un des théoriciens. Il permet de déjouer la répression en brisant la spirale de la violence et éviter la haine. L’ONU en 1997 avait proclamé la décennie 2000-2010 «Décennie internationale pour une culture de non-violence et de paix».
La non-violence est un élément clé de la réalisation des buts des Nations Unies, pour maintenir la paix et la sécurité internationale, promouvoir les droits et la dignité humaine et améliorer la qualité de vie de tous sans discrimination. Pour Mahamat Gandhi, un des précurseurs contemporains du Mouvement de la non-violence, la non-violence était une valeur suprême en Inde, pour mettre fin au colonialisme britannique, en pratiquant la désobéissance civile ou la résistance passive. En son temps, Martin Luther King en a usé pour protester contre le conflit qui opposait Mme Rosa Parks (couturière noire) à un chauffeur blanc de bus et à la police. La ségrégation raciste était au cœur du conflit.
Martin Luther King en tant que pasteur a prêché la force d’aimer et a pratiqué la non-violence jusqu’à sa mort en 1968.
Nelson Mandela, combattant au sein de l’ANC, inspiré par Gandhi, la sagesse de ses ancêtres et les contes populaires d’où il a appris la notion du pardon a fait une mutation en devenant le promoteur de la non-violence. On peut encore citer d’autres acteurs comme Mgr Desmond Tutu en Afrique du Sud, André Matsoua au temps de la colonisation au Moyen Congo, qui prônait la non-violence face à la répression des colons. Il y a également des Ong qui se référent explicitement à la non-violence. Créées dans des pays européens comme l’Italie, la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas…ces Ong, engagées dans le Mouvement de la non-violence, se répartissent en deux groupes: ‘’éducation à la non-violence’’ et ‘’action pour la protection de l’environnement’’ a souligné le conférencier.
En Afrique, la violence est fondamentalement due au sous-développement socio-économique et à l’absence de l’Etat de droit, a soutenu Marcel Mbaloula qui, en guise de conclusion, s’est interrogé, au regard de la situation socio-politique et économique dans certains pays d’Afrique noire, sur le comment évaluer l’action des associations luttant contre la violence? Et comment mener le combat contre le capitalisme dévastateur en utilisant la non-violence, avec les puissants maîtres du monde (FMI, Banque mondiale, OMC (Organisation mondiale du commerce))?
La violence, a-t-il constaté, s’est élargie aujourd’hui jusqu’à l’environnement avec les déchets et les ordures, la pollution sonore, les embouteillages, les coupures d’électricité intempestives et la parafiscalité.
Le débat a suscité un véritable engouement chez les participants quant au Mouvement de la non-violence, quand on sait que l’homme ne cesse de créer des techniques plus élaborées et perfectionnées pour détruire.

Philippe BANZ