A l’initiative de la Commission épiscopale de la famille et de la vie que préside Mgr Urbain Ngassongo, évêque de Gamboma et de la Province ecclésiastique du Centre (PEC), les membres des foyers chrétiens et des Commissions diocésaines de la famille et de la vie, ainsi que des individualités ont effectué un pèlerinage du 18 au 19 mars 2022, à la paroisse Sainte Rita de Moukondo dans l’archidiocèse de Brazzaville.

Près de deux cent pèlerins venus de Nkayi, Dolisie, Pointe-Noire, Owando, Kinkala, Gamboma, ainsi que ceux de Brazzaville ont réfléchi autour du thème: «Amour familial: vocation et chemin de sainteté». Ce pèlerinage entre dans le cadre des activités de la Commission épiscopale de la famille et de la vie. Il était placé sous l’égide de sœur Rollande Milandou Niakissa, religieuse de la Congrégation des Franciscaines Missionnaires de Marie et coordonnatrice de cette Commission. Il s’est déroulé en deux étapes. La première a consisté en des exposés et témoignages et la deuxième en des visites de terrain.
Les participants ont suivi deux exposés: «La vision du cardinal Emile Biayenda sur la famille» par l’abbé Albert Nkoumbou, «Sourire», prêtre du diocèse de Kinkala; «L’amour familial: vocation et chemin de sainteté» par Mgr Ildevert Mathurin Mouanga, évêque de Kinkala. L’abbé Albert Nkoumbou, «Sourire» a fait ressortir quatre axes: «Emile Biayenda, fils d’un foyer monogame né d’une fratrie de six enfants dont cinq garçons et une fille, et d’une famille élargie»; «Emile Biayenda, séminariste, membre de la légion de Marie: pasteur zélé»; «Emile Biayenda, évêque coadjuteur, archevêque, puis cardinal: soucieux des vocations sacerdotales et religieuses, ainsi que de l’éducation des enfants et formateur des foyers chrétiens»; «Emile Biayenda et la lettre pastorale du 12 février 1975, sur la famille». Selon le conférencier, la vision du cardinal sur la famille congolaise est la suite logique du combat mené par Mgr Théophile Mbemba, premier archevêque congolais de Brazzaville dans ses multiples lettres pastorales adressées aux fidèles laïcs du Christ. Dès son jeune âge, Emile Biayenda fréquente l’école de la mission de Kindamba, où il se distingue comme un élève ferme, serviable et déterminé de ce qu’il veut faire. Puis il fréquente le Petit séminaire Saint Paul de Mbamou. Un jour et après avoir puisé de l’eau comme cela se faisait par groupe et par tour à Mbamou, Emile Biayenda avait cassé par inadvertance la dame-jeanne d’eau au retour du puits. Le père directeur pris de colère, le pria de payer cette dame-jeanne. Le jeune Emile Biayenda quitte le séminaire pour se rendre chez ses parents à Vindza, distant de près de 150 Km à pied pour aller chercher de l’argent et ce, pendant trois jours de marche. Il était revenu au séminaire accompagné de son frère aîné Ngoma Sémo. C’est pour dire que le foyer paternel a forgé un garçon calme, timide et studieux. Sa cadette Solange Lozi, l’unique de la fratrie voulait se marier sur imposition de sa mère, tout en étant au noviciat des religieuses, mais cela contre sa propre volonté. Emile Biayenda s’oppose à ce mariage et veut que sa sœur suive le chemin de la vocation déjà engagé. Il rembourse la dot déjà versée auprès de la famille maternelle. Pour Emile Biayenda, le choix fait par sa sœur pour le noviciat est judicieux et ne peut être contesté. Emile Biayenda poursuit ses études théologiques à Lyon en France où il en sort avec une licence et un doctorat en sociologie.
Emile Biayenda membre de la légion de Marie dans les années 58. Il est initiateur de la paroisse Saint Jean-Marie Vianney de Mouleké. De là, il visite les foyers chrétiens, notamment les couples mariés dans les quartiers. Mais le pouvoir politique de l’époque le fait arrêté et torturé pendant 44 jours, comme quoi, il distribuait les tracts dans les familles pour faire échec au pouvoir. Comme prêtre et évêque, il s’engage à vulgariser les réformes sur la famille et le mariage chrétien. A ce sujet, l’orateur a fait référence aux Us et coutumes de notre société qui font obligation à 50.000 FCfa la dot selon le code congolais de la famille. Il ne s’agit pas des sommes exorbitantes comme c’est le cas dans certaines familles aujourd’hui. Pour éviter les débordements et tout dérapage, le premier apostolat doit se faire dans la famille auprès des parents. Selon le constat fait par Emile Biayenda dans sa lettre pastorale de Carême 1975, la famille congolaise est en pleine évolution du point de vue pastorale. Poursuivant son exposé, le conférencier a indiqué que le sacrement de mariage est un impératif pour tout baptisé, en dépit des difficultés liées à la dot qui devient exorbitante. Le dialogue devra s’installer dans le foyer avec un esprit de prière. C’est là, où se forge l’homme de demain et se développe l’apostolat et la vocation.
Le deuxième exposé développé par Mgr Ildevert Mathurin Mouanga a fait ressortir l’importance de l’amour dans la famille chrétienne qui est une communion, un amour et une trace de Dieu dans l’histoire des hommes. L’amour familial est une vocation et un chemin de sainteté tracé par Dieu. Il faut donner la place à la prière, accorder une importance à la grâce de Dieu dans la société. La famille représente le premier pilier de l’édifice social. L’évêque de Kinkala a clos son exposé par une prière qu’il aimait réciter quand il était recteur du grand séminaire: «Seigneur, donne à chacun la claire vision de ce que nous devons faire et la force de l’accomplir».
Puis, les participants ont suivi le témoignage de vie du couple Nkounkou (Jean Pierre Nkounkou et Marie Céline Djambou), membre de la Commission épiscopale pour la famille et de la vie. Selon le couple, leur union n’a donné qu’un seul enfant, alors qu’il souhaitait en avoir une dizaine. Ce qui n’était pas de leur avis. Ne dit-on pas que les pensées des hommes ne sont pas celles de Dieu?
Appréciant la qualité des communications, Mgr Urbain Ngassongo a invité les participants à la réflexion continue de manière à cerner les vrais problèmes qui minent l’évolution de la famille au Congo. Un grand travail devra se faire dans les paroisses en associant les curés pour bien cerner le problème.
Le clou de ce pèlerinage national a été le chemin de Croix sur la montagne du cardinal, sur sa tombe en l’église cathédrale Sacré-Cœur ainsi que sa résidence, samedi 16 mars. Le tout ponctué par une cérémonie de consécration des couples à la Vierge Marie.

Pascal BIOZI KIMINOU