La plateforme dette et développement (PF2D) Congo a organisé, le 18 juillet à Brazzaville, un atelier de restitution de l’analyse du contrat de désendettement et de développement (C2D). Les cérémonies d’ouverture et de clôture ont été présidées par Samuel Nsikabaka, coordonnateur national de la plateforme, en présence de Anne Marie Nzila, coordonnatrice adjointe, et Paul Kompakol, secrétaire général de la PF2D Congo. L’objectif était de valider le rapport de l’analyse du mécanisme du C2D par la société civile et de partager les résultats, ainsi que les leçons apprises sur le suivi.
Cet atelier de restitution a regroupé 45 participants des différents points focaux du pays, venus de Pointe-Noire, Dolisie, Nkayi, Djambala, Makoua, Ouesso et Brazzaville. Conformément à l’agenda du travail, les participants ont suivi un thème sur «Le bilan du C2D Congo», développé par Paul Kompakol, expert en la matière. Cet exposé a permis aux participants d’approfondir le débat et leur analyse sur le bilan du C2D au Congo pour procéder à la validation du rapport.
L’étude présentée a édifié sur l’historique du contrat de désendettement et de développement lancé en 2001 et de sa mise en œuvre encadrée par un certain nombre de principes que l’Etat s’est engagé à respecter. Pour rappel, le Congo a signé deux contrats au cours de ces dix dernières années, pour une valeur totale de 229 millions d’euros, soit 150,21 milliards de FCFA, dont 52,47 milliards de FCFA pour le premier contrat et 97,73 milliards de FCFA pour le deuxième. Au total, 14 projets ont été financés ou sont en cours de financement. Le rapport a révélé que la non-participation de la société civile au choix des projets a entraîné la non-appropriation véritable de ces derniers par les populations bénéficiaires. Ainsi, beaucoup d’actes d’incivisme ont été constatés autour des ouvrages. Le C2D ne contribue pas à la mise en œuvre d’un programme, mais il constitue davantage une opportunité de financement des projets en dehors de tout programme officiel. La PF2D Congo, dans son suivi indépendant, a intéressé les populations, notamment les riverains de la corniche et quelques bénéficiaires du projet Lisungi à travers les organisations de base regroupées, en concertation avec les autorités locales. Au regard des besoins des populations, les participants ont formulé des recommandations. Ils ont suggéré, entre autres, d’impliquer les bénéficiaires dans la gestion des cycles des projets; exiger aux autorités congolaises l’application effective des accords dans le choix, l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi des politiques et programmes de développement; et le plaidoyer de la société civile auprès du Gouvernement et à l’Agence française de développement (AFD) pour le choix des projets.
Christophe Courtin, praticien des questions de développement des sociétés civiles, participant à cet atelier, s’est exprimé: «J’ai été mandaté par la plateforme dette et développement en France pour mener une étude d’impact sur l’ensemble des dispositifs de renforcement des plateformes locales concernant la dette depuis 2015 sur cinq pays, la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Congo, le Cameroun et la RDC. Dans le cadre de cette étude, j’ai fait un déplacement au Congo et j’ai rencontré les personnes de la PF2D au Congo. Ce que je constate, c’est une réflexion plus générale et le dynamisme de la société civile en Afrique subsaharienne».
Mme Anne Marie Nzila, coordonnatrice adjointe de la PF2D Congo, a expliqué la nature des contrats: «Il y a eu deux phases du C2D. Le contrat a concerné quatre secteurs: les infrastructures, l’agriculture, les secteurs sociaux et les fonds destinés au renforcement des capacités. Les projets ont eu quelques difficultés à cause de décaissement des fonds avec le retard administratif. Ce qui est important sur ce que nous avons fait, c’est la capitalisation de cette expérience. Si nous travaillons tous pour le développement du pays, il faut nous associer pour que beaucoup de choses partent de l’avant. La société civile a un autre regard pour alerter les pouvoirs publics».
Philippe BANZ