Le mercredi 29 juin 2022, le Pape François a béni les palliums des nouveaux archevêques, parmi lesquels celui de Mgr Bienvenu Manamika Bafouakouahou, archevêque métropolitain de Brazzaville, en République du Congo. Son Pallium lui a été imposé solennellement le dimanche 7 août 2022 par Mgr Javier Herrera Corona, nonce apostolique au Congo et au Gabon.

Mais qu’est-ce que le Pallium? D’où vient-il? Qui le reçoit? Que signifie-t-il? Et dans quelles conditions le porter?
Ici quelques éléments de Théologie de la liturgie et de Droit liturgique, en parlant comme le Pape François dans sa lettre apostolique sur la formation liturgique du peuple de Dieu (n°1), pour nous «aider à la contemplation de la beauté et de la vérité de la célébration chrétienne» d’une messe pontificale d’imposition du pallium. En Théologie de la liturgie, il y a un domaine appelé «la Paramentique» pour désigner l’ensemble des vêtements, coiffures, tentures de décoration et ornements utilisés dans les célébrations ecclésiales. Le Pallium (pallia au pluriel) en fait partie. C’est une bande d’étoffe de laine blanche marquée de croix noires (symbole des plaies du Christ) qu’on porte sur la chasuble.
D’origine grecque (himation ou omophorion), le Pallium consistait, au Ve siècle, dans l’empire byzantin, en une bande d’étoffe rectangulaire que l’empereur, pour se distinguer, se drapait autour du corps, une bande fermée par des épingles, et qui reposait sur le bras gauche.
C’était l’insigne du pouvoir de l’empereur. Dans l’Histoire de l’Eglise, le Pallium est adopté durant le mouvement d’appropriation des symboles du pouvoir impérial par les papes, mouvement appelé Imitation imperii situé entre les Ve et IXe siècles. Et suivant la Tradition de l’Eglise, au départ, le pallium est une relique représentative de Saint Pierre, le tissu ayant été posé sur son tombeau. Les premiers évêques à recevoir les pallia seront l’évêque d’Arles, en Gaule, en 513, par le pape Symmaque;
l’évêque de Taomina, en Sicile, en 559, par le pape Pélage Ier.
Dans l’Eglise orthodoxe, le pallium est porté par tous les évêques et conserve le nom grec «omophorion». Il est tissé de soi chez les orientaux. Mais dans l’Eglise catholique latine, à partir du IXe siècle, du fait de la querelle des investitures, il est réservé aux archevêques à qui
le Pape en concède le privilège comme symbole d' une communion étroite avec lui. Il est tissé avec de la laine d' agneau, pour évoquer l' agneau pascal et la brebis égarée que le Bon Pasteur ramène au bercail sur ses épaules. Ainsi depuis le XVe siècle, le 21 janvier de chaque Année, en la mémoire de sainte Agnès (martyre dont le nom en latin agnus veut dire agneau), le pape bénit deux agneaux élevés au couvent des moines trappistes de Tre Fontane datant du VIIe siècle au sud de Rome, et présentés par les religieuses du couvent de Sainte Agnès de Rome, et dont la laine est utilisée pour les futurs pallia des archevêques nommés au cours de l’année. Sa symbolique est très riche. La formule liturgique d’imposition du pallium le montre bien: «Recevez le pallium pris au tombeau de Pierre … pour que vous le portiez en signe de votre autorité de métropolitain … qu’il soit pour vous symbole d’unité, témoignage de votre communion avec le siège apostolique, lien de charité et stimulant de votre force d’âme».
Cinq mots résument sa richesse de signification: autorité, unité, communion, lien de charité, et force d’âme. Chaque archevêque est ainsi «appelé à entretenir un lien de communion avec le siège de Pierre, comme avec les autres évêques de sa province ecclésiastique. Pour autant, il n’a pas d’autorité sur la gouvernance des diocèses autres que le sien. Le pallium n’est pas un signe de supériorité», précise le père Norbert Hennique, liturgiste parisien. Il est vrai qu’après, le Pallium sera étendu au cardinal-doyen, aux primats, et à quelques très rares autres évêques, mais la figure qui nous intéresse ici est celle de l’archevêque métropolitain. Et en ce qui concerne son imposition et son port, le Droit liturgique dans le Canon 437 du Code de Droit Canonique de 1983 prévoit ce qui suit:
§1. Le Métropolitain est tenu par l’obligation, dans les trois mois à partir de la consécration épiscopale, ou s’il a été déjà consacré, à partir de la provision canonique, de demander lui-même ou par procureur au Pontife Romain le pallium qui de fait signifie le pouvoir dont le Métropolitain, en communion avec l’Église Romaine, est muni par le droit dans sa propre province.
§2. Le Métropolitain peut porter le pallium selon les lois liturgiques, dans toute église de la province ecclésiastique qu’il préside, mais absolument pas hors de celle-ci, même pas avec l’autorisation de l’Évêque diocésain.
§3. Si le Métropolitain est transféré à un autre siège métropolitain, il a besoin d’un nouveau pallium. Liturgiquement, chaque nouveau métropolitain reçoit son pallium ordinairement le jour
de la Saint-Pierre et Saint-Paul, le 29 juin, à Rome par le Pape lui-même, à Rome. Mais depuis 2015, le pape François a modifié la procédure de remise du pallium. Désormais, le Pape bénit solennellement les pallia le 29 juin au cours de la Messe de Saint-Pierre et Saint-Paul, à Rome. Et l’imposition du pallium est faite à une date convenable, par le Nonce apostolique, dans la cathédrale de l’archevêque à l’honneur, au cours d’une messe pontificale (présidée par l’archevêque) avec tout le peuple de Dieu à lui confié et en présence des autres évêques de la Province ecclésiastique concernée, expression de synodalité dans la pastorale des brebis de Dieu à eux confiées dans la Province ecclésiastique. Tout se passe au début de cette messe. Mais avant l’imposition du pallium, comme c’est de coutume dans l’Eglise depuis le VIIe siècle, le nouvel archevêque fait son serment de fidélité au pape représenté par le nonce apostolique. C’est ce qui s’est passé le dimanche 7 aout 2022, dans l’archidiocèse de Brazzaville, pour Mgr Bienvenu Manamika Bafouakouahou, archevêque métropolitain, récemment nommé et installé.
Belle fête à tous!

Père Ulrich TCHICAYA
Prêtre de l’Archidiocèse de Pointe-Noire,
Etudiant en Théologie de la Liturgie et des Sacrements, à l’Institut Catholique de Paris, en France.