Le Sens de la Dévotion
Lors du concile de Trente encore appelé concile de la contre-réforme (1547-1563), les pères conciliaires firent la distinction entre les deux types de cultes en pratique dans l’Eglise: le «culte de latrie» et le «culte de dulie». Pour mieux saisir le vrai sens de la dévotion mariale, nous allons partir de cette distinction.

Ce qu’il faut comprendre par «ulte de latrie»:
Le mot comme tel vient du grec λατρεία / latreia, c’est-à-dire culte ou adoration. Dans
l’Eglise, il s’agit d’un culte d’adoration rendu uniquement à la Sainte Trinité, c’est-à-dire au Père et au Fils et au Saint-Esprit. En effet, l’Eglise catholique enseigne qu’aucun culte n’est au-dessus de celui-ci, car tous les autres culminent en lui, comme le dit d’ailleurs le cantique de Daniel en ces mots: «Toutes les œuvres du Seigneur, bénissez le Seigneur: A lui haute gloire, louange éternelle!» (Dn 3, 57). De fait, par ces mots du prophète, nous nous rendons effectivement compte que la haute gloire revient à Dieu seul; il est loué et adoré par toute la création.
Ce qu’il faut comprendre par le «culte de dulie»
Le mot dulie tient ces origines du latin dolia, un terme utilisé au Moyen-Âge pour parler de la servitude ou la soumission aux hommes; quoiqu’il existait déjà dans le grec ancien (δουλεία/douleίa) pour signifier la même chose. En cela, on peut comprendre le fait que «dulie» fasse allusion au «respect dû à un Saint» de nos jours dans le cadre de la vénération. Dès lors, le «culte de dulie» est un culte de vénération, réservé aux anges et aux saints, par opposition au culte de latrie. C’est le mode par lequel l’Eglise sur terre sollicite leur intercession et implore leur secours1. Cela dit, à en croire la Tradition et le Magistère de l’Eglise, ledit culte était déjà effectif dans les premières communautés chrétiennes, conscientes de l’union sacrée entre l’Eglise en marche sur terre et l’Eglise du ciel. C’est tout le contraire de l’idolâtrie, qui se veut être l’adoration d’une idole comme si c’était Dieu.
Du «culte de dulie dérive le
«culte d’hyperdulie», réservé à la Bienheureuse Vierge Marie.
C’est une spéciale vénération faite à Marie, bien qu’étant une créature humaine, en raison de sa préséance dans la communion des saints; puisqu’elle occupe une place
de choix dans l’histoire du Salut (cf. les dogmes mariaux)2. Cependant, malgré ce privilège, la vierge Marie ne peut être adorée. En effet, comme le précise bien le concile Vatican II, aucune créature ne peut être mise sur le même pied d’égalité que le Verbe incarné et rédempteur3. Par ailleurs, on ne peut perdre de vue l’idée selon laquelle la vénération faite à Marie est supérieure à celle qui est faite aux anges et aux
saints; dans la mesure où cette dernière est la dénommée «Pleine de grâces» en vertu de sa maternité divine; d’où le sens du mot hyperdulie, en ce qui concerne le culte que l’Eglise lui rend.
En réalité, la dévotion mariale, comme toutes les dévotions chrétiennes, culmine en
Jésus-Christ, unique rédempteur. C’est pourquoi, la mariologie a une finalité Christologique et trinitaire. Comme à Cana, Marie nous montre le chemin qui conduit
vers le Christ; elle est en aucun cas une fin en soi. D’où la présence de La Croix dans
les grottes mariales. Aussi, Le Rosaire par exemple, qu’est la prière par excellence du
«culte marial», est un condensé des mystères de la vie du Christ. Il est donc clair que Marie intercède pour nous. A propos, le pape Paul VI écrit: «La piété envers la Mère du Christ et des chrétiens est pour les catholiques une occasion naturelle et fréquente de la supplier d’intercéder auprès de son Fils pour que se redise l’union de tous les baptisés en un seul peuple de Dieu»4. Dans ce sens, la dévotion Mariale se comprend comme un apprentissage et un cheminement de croissance spirituelle dans la foi chrétienne, dans la mesure où la vie de cette dernière est pleine de faveurs et qualités, qui font d’elle un modèle exceptionnel de la foi.
Georges Thalès M’BOUNDI,
Séminariste en IVe année de théologie.
Notes
1 Concile Vatican II, Sacrosanctum, n°111
2 Ibidem.
3 Concile Vatican II, Constitution Lumen Gentium, n°62.
4 Ibidem, p.26.