L’attente semblait être lente: mais comme on dit souvent, «quelque soit la durée de la nuit, le soleil fini toujours par venir au jour». C’est donc en ce dimanche 21 novembre 2021, Solennité du Christ-Roi de l’univers, que Mgr Anatole Milandou a passé le «témoin» à son successeur, Mgr Bienvenu Manamika Bafouakouahou, archevêque coadjuteur, comme nouveau pasteur de l’Eglise particulière de Brazzaville.

C’est dans une ambiance «bon enfant», pourrions-nous dire, que s’est déroulée cette grande cérémonie avec des hôtes de marque, des cardinaux venus des Eglises sœurs, de toute la chrétienté de l’archidiocèse de Brazzaville et d’autres villes, pour témoigner et traduire à l’un les sentiments de gratitude, et à l’autre les sentiments de joie et de bienvenue; le tout couronné par la présence très remarquée du président de la République, sans oublier les membres du gouvernement et des autres institutions.

1. Que dira-t-il ?
La question était dans la tête de tout le monde. Oui, en pareille circonstance, force est de le reconnaître, nombreux sont ceux qui attendent le moment où l’«heureux» élu prendra la parole pour donner le ton de sa nouvelle charge pastorale, comme cela arrive également aux responsables politiques élus ou autoproclamés sans la vérité des urnes, avec leurs discours de politique générale après campagne électorale.

2. De l’homélie prononcée
Pendant une vingtaine de minutes, le nouvel archevêque métropolitain de Brazzaville a exhorté le peuple de Dieu en l’invitant à être un «alter Christus» afin de mieux avancer vers le bien-être intégral de l’Homme.

a) Dans sa forme et le message
L’homélie dans sa forme et ses contours, a mis en évidence des citations bibliques avec une référence du magistère du Pape François. En effet, s’agissant des citations bibliques, Mgr Bienvenu a cité 10 fois les références bibliques: à raison de 7 fois dans ses deux premiers points (Jn 18, 36-37; Lc 4, 18-19; Jn 10, 10; Mt 20, 25-28; Jn 13, 4-5; Jn 13, 13-14; Ap. 1, 5-6); et en dernier lieu, au 3e point: 3 fois (Ph 2, 6-8; Lc 12, 37-46; Mt 24, 45). Avec une prédilection pour le quatrième évangile. Du magistère du Pape François, le nouvel archevêque a rappelé deux documents fondamentaux en lien avec sa prédication, en l’occurrence: l’Encyclique «Laudato Sì’» et l’Exhortation apostolique «La joie de l’Evangile», sans pour autant juger nécessaire d’en citer les numéros spécifiques.

b) «Alter Christus»
Par trois fois, Mgr Bienvenu Manamika Bafouakouahou s’est appesanti sur cette expression théologique, qui met en évidence toute la nature ontologique du Prêtre quand il tient la place du Christ en tant que ministre validement ordonné, comme le rappelle le Droit universel de l’Eglise au Canon 900.
Si autrefois l’expression «alter Christus» ne faisait exclusivement allusion qu’aux prêtres à cause d’un certain cléricalisme, au jour d’aujourd’hui quiconque ne reconnaîtra pas que tout fidele laïc de par son baptême est également «alter Christus» est un hérétique (Cf. Lettre du pape Jean-Paul II aux prêtres pour le jeudi saint 1991, n° 1). C’est donc dans cet élan ecclésiologique que le nouveau métropolitain de Brazzaville à juger «juste et bon» de rappeler à tous et à chacun sa part de mission en déclarant qu’être «alter Christus» signifie être ce «signe vivant et efficace de sa présence dans notre Maison commune, dans notre pays, dans la ville de Brazzaville avec toute sa diversité culturelle, sociale, politique et économique.»
Etre alter Christus, signifie pour l’archidiocèse de Brazzaville, de Linzolo à Ngabé, en passant par Goma Tsé-Tsé et Odziba, qu’il doit avancer sans relâche sur un chemin de conversion pour travailler, de concert avec tous les hommes et femmes de bonne volonté, à la promotion de la dignité intégrale de tous les citoyens». Et pour la troisième fois de rappeler qu’être «alter Christus» dans l’archidiocèse de Brazzaville signifie «mettre un nom sur ce qui entrave la marche de tant de nos frères et sœurs vers un bien-être intégral, et collaborer à combler les ravins qui sont susceptibles de devenir des gouffres mortels pour nous tous».
Conscient de ne pas relever tout seul les nombreux défis visibles et invisibles à cette nouvelle charge, Mgr Bienvenu Manamika Bafouakouahou a promis en cette Solennité du Christ-Roi de l’univers de se faire humble pour apprendre «les codes et usages de la mission d’archevêque de Brazzaville (…)».
En attendant de lire sa première lettre pastorale (2022 -2023), les premières affectations qu’il signera en juillet prochain avec le visage du nouvel archevêque de Brazzaville, nous souhaitons un fructueux ministère épiscopal au nouveau pasteur dans sa nouvelle charge, sous le regard bienveillant de la Très Sainte Vierge Marie, Mère de l’Eglise, comme aux premières heures de la mission des apôtres du Seigneur!

Eric Béranger N’SONDE
Prêtre en mission pastorale en Italie