Nous avons assisté à la bataille, qui s’annonçait épique, entre les partisans du Timonier et du Patriarche pour soutenir leur unique leader. Nous avons vu l’éjection des rangs de l’Assemblée nationale des députés Aimé Hydevert Mouagni, Kignoumbi Kia Mboungou et la montée en puissance des hostilités contre les jeunes quadrats qui, dents dehors, tentent d’égratigner le Parti congolais du Travail qui n’accepte plus aucune critique directe ou indirecte. Le parti est tout à la préparation de son sixième congrès.
Nous assistons au déroulé d’un scénario qui ne peut désormais nous réserver des surprises que de la part du Président de la République. Se représentera-t-il à l’élection de mars 2026 ? Tout autour de lui c’est silence. On fait comprendre, de l’air entendu de qui veut faire comprendre le contraire des phrases qui sortent de la bouche, qu’il est trop tôt pour en parler. Que le Président de la République, candidat naturel du PCT, est seul maitre des horloges ; qu’il n’est sous la contrainte d’aucune contingence ; qu’il décidera en conscience quand il le voudra. Du déjà vu.
On appelle cela de la prudence, d’ailleurs commune à beaucoup d’autres pays. En Côte d’Ivoire, le Président Alassane Ouattara briguera-t-il un autre mandat ? «Trop tôt pour le dire». Au Cameroun, le Président Paul Biya, le dirigeant élu le plus vieux au pouvoir, va-t-il céder le témoin ? «Trop tôt pour le dire». En Guinée Equatoriale et au Tchad on adopte le même ton de prudence. Même en Centrafrique, où la nouvelle Constitution donne au Président Archange Touadéra la possibilité de se représenter pour un mandat rallongé à 7 ans, il ne s’est pas encore prononcé. Seuls ses partisans donnent de la voix et le pressent d’y aller. Même dans la plus jeune « démocratie » de notre région, celui du Gabon, le général Oligui Nguema se mure dans une prudence atavique.
Nous assistons donc partout à une attitude précautionneuse, tranchant avec ce dont les opinions sont convaincues : aucun pouvoir ne changera de main l’année prochaine. C’est de la prudence de ne pas le dire. Car il s’agit de cette prudence dont ne sont pas faites les alternances politiques. Compréhensible : l’annonce de candidature des présidents sortant ouvre partout les prétentions à se positionner pour le pouvoir. Alors les vannes des excès s’ouvrent. Verbaux d’abord, physiques et ethniques ensuite.
Albert S. MIANZOUKOUTA