Prêtre du diocèse de Kinkala, ancien professeur et formateur aux grands séminaires de théologie cardinal Emile Biayenda et de philosophie Mgr Georges Firmin Singha de Brazzaville (2011-2013), l’abbé Aimé Thierry Hebakourila a soutenu une thèse sur «Incarnation et histoire humaine. Pour une approche politique de la Révélation chrétienne à partir de la pensée théologique de Marie-Dominique Chenu», le 26 novembre 2024 à l’Institut catholique de Paris, devant un jury composé de Professeur J.L. SOULETIE (Président du jury); Professeur J. BRISON (Directeur de Thèse); Professeur X. DEBILLY (Rapporteur externe); Professeur B.CHOLVY (Rapporteur interne). C’est l’aboutissement heureux d’un inlassable parcours heuristique de cinq (5) ans.

L’abbé Aimé Thierry Hebakourila a repris, dans sa recherche doctorale, la question centrale de l’Incarnation du Verbe de Dieu dans l’histoire et dans le monde pour repenser, la dimension politique de l’Église comme communauté de la Parole et de l’Eucharistie. Prise en charge par une approche «ecclésiopolitique», l’Église, Corps du Christ, se présente comme la manifestation de la présence agissante de Dieu dans le monde présent. Ainsi, par l’écoute de la Parole et la célébration de l’Eucharistie, l’Église Peuple de Dieu peut se comprendre comme un véritable corps politique, se distinguant d’autres corps sociaux par la particularité du corps qu’elle forme et la singularité du message de salut qu’elle proclame, permettant ainsi de revisiter la question de la présence de l’Église dans le monde et dans la société sous la forme d’une approche théologico-politique pour aujourd’hui. Cette thèse peut ainsi être reformulée: «Une juste théologie du mystère de l’Incarnation, dans l’optique de Marie-Dominique Chenu, permet de rendre raison de la dimension politique de la foi dans le monde et dans la société. Elle permet, également, de repenser, à nouveau frais, la nature des relations de l’Église et le monde suivant les contextes de l’existence humaine». Cette démarche doctorale s’est, architectoniquement parlant, structurée sur trois grandes parties, avec au total neuf chapitres répartis symétriquement. La première partie (3 chapitres) a longuement examiné les conditions historiques et les questions essentielles liées à la théologie néoscolastique telles qu’elles ont été reçues, revisitées, examinées et réfutées par M. D. Chenu. Repensée à partir du mystère de l’incarnation, la seconde partie s’est focalisée sur les formulations théologiques à partir desquelles, M.D Chenu a intégré les notions de temporalités et de corporéités de l’homme comme lieux théologiques pour comprendre l’articulation incarnation et histoire humaine. Enfin, comme contextualisation et actualisation du donné théologique aux temps présents, la troisième et dernière partie s’est largement attachée à revisiter le contenu du «discours théologico-politique» (Cf. Débats PetersonSchmitt; Gaagey-Souletie etc.) pour dégager l’originalité et le caractère inédit de l’approche de M.D. Chenu sur le présupposé théologique de l’incarnation en termes de défis pour la postmodernité.
La recherche doctorale de l’abbé Aimé Thierry Hebakourila permet donc d’articuler, comme faisant partie d’un seul et même mystère, l’Incarnation et la Rédemption. Autrement dit, le réalisme de l’Incarnation exige, pour l’Église, la prise en compte des aspirations des hommes et des femmes au bénéfice desquels Dieu a fait irruption dans l’histoire des hommes. Par conséquent, la crédibilité de l’acte d’évangéliser ne va plus sans la prise en compte des implications politiques du message qu’il annonce pour aujourd’hui. En d’autres termes, le salut de l’âme implique également celui du corps. Après cette éloquente présentation, s’en sont suivies les interventions du président et des membres du jury à travers des observations, des remarques, des contributions et une série des questions auxquelles le candidat a répondu de façon claire et précise. De sorte qu’à la publication des résultats de la délibération, les membres du jury lui ont décerné le titre de Docteur en théologie. Un mot de reconnaissance et de gratitude a été prononcé par le nouveau Docteur à l’endroit des amis et connaissances venus nombreux pour l’encourager et le soutenir. Avec son doctorat, l’abbé Aimé Thierry Hebakourila est une ressource pour la théologie fondamentale traitant de la Révélation chrétienne pour une meilleure intelligence de l’Église comme un corps politique dont l’agir impact nécessairement les structures humaines d’aujourd’hui. L’Église qui est au Congo félicite le jeune docteur et lui souhaite plein succès dans ses recherches théologiques pour une ecclésiopolitique au profit de l’annonce de l’Évangile-Bonne Nouvelle pour les peuples-et la prise au sérieux des aspirations des hommes, aujourd’hui.

Abbé Docteur Christophe W. MABOUNGOU,
Recteur du Grand Séminaire de Philosophie Mgr Georges
Firmin SINGHA