Décédé le 1er novembre 2011, et inhumé au cimetière Wayako (Brazzaville), Matondo ‘’National’’, Raphaël Mbiki à l’état-civil était un musicien, griot, amuseur des foules au genre assez particulier qu’on ne retrouve plus de nos jours. Il aura marqué à sa manière de nombreuses générations par son style de musique et son look particulier. Les Congolais étaient nombreux à se poser des questions sur celui qui comptait une fourchette de sobriquets : ‘’National’’, ‘’International’’, ‘’Frère en Christ’’, etc.

Qui était donc ce personnage particulier ?
Matondo ‘’National’’ avait une particularité, il se promenait souvent le long des rues de Brazzaville et d’autres localités du pays chantant et dansant à la demande des curieux moyennant des pécules. Pour certains, il était un malade mental, pour d’autres un artiste trop zélé. Il était né le 9 novembre 1949 à Dolisie, dans le Département du Niari. Il était célibataire et sans enfants. Le sobriquet de Matondo lui fut attribué à Makabana lorsqu’il fonda le groupe vocal ‘’Les Impeccables d’Afrique’’. A l’époque, un musicien de l’orchestre Super Comirail de cette localité, séduit par ses compositions, le félicita en disant ‘’matondo, matondo’’ (merci). C’est ainsi que s’était répandit le nom Matondo ‘’National’’ avant qu’il ne soit généralisé en ‘’International’’.
Il était arrivé à la musique par le groupe traditionnel ‘’Zanga-Zanga’’, avec le grand Texas, avant de prendre le chemin de Brazzaville. Il va intégrer le groupe vocal ‘’Les Archanges’’ de l’arrondissement 5 Ouenzé avec Maître Eva, et il en deviendra par la suite le chef. Peu avant, il avait créé le groupe vocal ‘’Les Impeccables’’ à Dolisie, groupe qu’il relancera à Brazzaville. L’inspiration de ses compositions lui venait de façon intelligente ; il exploitait les œuvres de certains artistes. «Les gens me cherchaient des poux dans les cheveux, en me qualifiant de pasteur, alors que je ne l’avais jamais été», expliquait Matondo ‘’National’’. Ajoutant que l’un des grands problèmes auquel il fut confronté durant sa carrière était celui de la production. De ce côté, il était toujours négligé. «Il y a des musiciens qui étaient venus dans ce monde de la musique après lui, qui avaient émergé bien après qui avaient été épaulés par le Gouvernement et les personnalités du pays », mais pas lui, se plaignait-il.
En 1977, il fut le premier musicien Congolais à se produire à l’émission ‘’Kin Show’’ de l’époque sur Télé-Zaïre en 1977, avec l’accompagnement de l’orchestre Kossa-Kossa, se vantait-il. En tant qu’artiste, il n’avait jamais été aidé. Sa participation à la deuxième édition du FESPAM n’était qu’un simple bénévolat. «Les artistes-musiciens étrangers avaient reçu un cachet plus consistant que les Congolais». Et comme certaines mauvaises langues affirmaient qu’il était un homme riche, il rétorquait souvent qu’il n’avait pas de richesse et qu’il n’avait jamais construit des immeubles, ni réalisé des affaires, ni disposé de comptes bancaires, etc. Il se disait handicapé par un manque d’argent, abandonné à lui-même et souffrant énormément d’un manque de soutien.
Il répondait à ses détracteurs qu’il n’était pas un fou ; il portait simplement des tenues de scène pour attirer l’attention des admirateurs. Mais, il avait fini par s’en débarrasser sur les conseils de papa Bantsimba à Mpassa (une localité du Pool), ce qui l’avait poussé à devenir Frère en Christ Matondo. Il disposait de plusieurs œuvres non produites par manque de producteurs. Il n’y a qu’Edmond Nkayi qui a produit sa cassette en 1998.
Matondo ‘’National’’ aimait son travail. Il demandait aux Congolais de ne pas le juger par son apparence, en croyant qu’en dehors du chant et de la danse, il ne pouvait pas faire autre chose comme travail. Son père fut un grand agriculteur et rien ne pouvait l’empêcher de faire comme lui. Il compta plus de trente années au service de la musique sans un petit souvenir.

Alain-Patrick MASSAMBA