Nos élections sont désormais derrière nous. Et, en principe, il n’y a rien que nous puissions en dire qui n’ait pas été dit auparavant en louanges ou en critiques sans concession. Nous attendons l’issue des recours introduits; nous savons qu’ils ne devraient pas réserver de surprise majeure. En tout cas pas de nature à inverser les tendances dégagées et connues: près de 89% pour le vainqueur, à peine 7% pour son suivant, d’ailleurs décédé.
Mais il y a toujours quelque chose à dire d’une élection qui a surpris par un taux de participation que tout le monde annonçait porteur de toute la désaffection d’une population désabusée par les expériences dites démocratiques de chez nous. Il y a à dire aussi de cette élection qui s’est étonnamment déroulée dans une relative sérénité et n’a pas vu même nos Zapata des tropiques sortir leurs machettes des fourreaux habituels.
Mais de là à conclure, comme l’a fait un des observateurs internationaux commis à la tache de nous surveiller et de nous dire notre fait, que cette élection fut «un modèle pour l’Afrique», il y a un pas que même les caciques du parti des vainqueurs se sont bien gardés de franchir. Exemplaire, notre modèle de démocratie? Même sans verser dans l’opposition forcenée, il y a bien des travers que le simple citoyen hésiterait à proposer à d’autres expériences en recherche de copie!
Et d’ailleurs, ces jours-ci, l’Afrique des démocraties nous donne des migraines. Car on ne sait pas le modèle véritable à suivre avec au moins, semblant d’unanimité. Nous attendons les résultats définitifs de notre élection, alors que le Niger, après un vote dont nous nous réjouissions de la qualité de son alternance, mot fameux au Congo! Nous sommes bien ramenés aux rictus de toujours. On y parle déjà d’une tentative de coup d’Etat, et le Président élu n’est même pas encore investi !
Nous avons passé les étapes du parti unique, les promesses de tout changer en mieux, les tricotages des Constitutions pour des troisièmes mandats toujours interdits, les scores à la soviétique (en principe), les ‘Un coup KO’ etc… nous revenons toujours au même point de départ ! Nous en sommes toujours à nous exhorter à beaucoup de civisme, à participer aux préparatifs et à ne pas boycotter les joutes électorales!
Nous en revenons toujours à contester même des élections à la préparation desquelles on a participé. Très peu sont les candidats, battus, qui se permettent de féliciter le vainqueur. Signe que nous avons encore à apprendre avant de nous donner en modèles.

Albert S. MIANZOUKOUTA