Natif de Goma, Floribert Bwana Chui Kositi a été déclaré bienheureux, dimanche 15 juin 2025, par l’Eglise catholique lors de la messe solennelle célébrée par le Préfet du Dicastère pour la cause des Saints, en la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs de Rome. Assassiné en 2007 à l’âge de 26 ans pour avoir refusé de laisser entrer en République Démocratique du Congo des vivres avariés, ce laïc, contrôleur des douanes, membre de la Communauté San’Egidio s’occupant des enfants des rues, est devenu pour son pays et pour l’Eglise, une figure charismatique en raison de son courage face à la corruption. Il était aussi impliqué auprès des pauvres de sa ville.
Derrière la figure de Floribert, cette béatification est vue par beaucoup comme une invitation à lutter contre la corruption. En janvier 2023, le Pape François l’avait d’ailleurs érigé en modèle en rencontrant la jeunesse congolaise à Kinshasa, un message toujours actuel dans ce pays. «Il a lutté mains nues, contre la corruption, et aujourd’hui, je pense pour toute la jeunesse congolaise, c’est une invitation que c’est possible de vivre et de garder sa liberté même devant l’argent. Nous voyons combien de fois, le fléau de la corruption pénètre nos institutions, et je pense que Floribert c’est un modèle. Aujourd’hui, avec le climat qui règne dans notre pays, c’est le moment de prendre conscience qu’il faut changer, qu’il faut suivre et emboîter le pas de Floribert Bwana Chui», a déclaré Aline Minani, son amie.
Pour des raisons sécuritaires, la messe de béatification n’a pu se tenir à Goma, mais de nombreux Congolais ont fait le voyage à Rome. C’est le cas de son ami, Juvénal Munobo, avocat et ancien député congolais, qui a fait savoir que: «Floribert a essayé de donner jusqu’au sacrifice suprême».
Le Pape Léon XIV a reçu le 16 juin au Vatican les pèlerins qui ont assisté la veille à la béatification de Floribert Bwana Chui Kositi. Plusieurs habitants de Goma, des prélats congolais étaient présents, au nombre desquels l’évêque de Goma et le cardinal Fridolin Ambongo Besungu, archevêque métropolitain de Kinshasa. Devant eux, le Pape a pour la première fois de son pontificat prononcé un discours en français, durant lequel il a rendu hommage à une figure inspirante pour la paix en RD Congo. «La force de Floribert a grandi dans la fidélité à la prière et aux pauvres. Il était un homme de paix. Dans une région aussi souffrante que le Kivu, déchirée par la violence, il menait son combat pour la paix avec douceur, en pratiquant l’amitié et la rencontre dans une société déchirée. En dépit de tout, il exprimait sa confiance en l’avenir. Puisse la paix tant attendue par l’intercession de la Vierge Marie et du bienheureux Floribert, advenir bientôt au Kivu, au Congo et dans toute l’Afrique. Sur ce moment riche en jeunesse, il a montré combien les jeunes pouvaient être des ferments de paix», a-t-il conclu.
L’émotion était encore forte au lendemain de la béatification du jeune martyr congolais, en particulier chez les habitants de Goma, qui ont fait le déplacement de Rome, parmi lesquels Gertrude Kamara Ntawilha, la mère du nouveau bienheureux, sans oublier la forte communauté catholique congolaise de Rome.
Alain-Patrick MASSAMBA