Son lancement officiel a eu lieu jeudi 12 août 2021 au Centre d’information des Nations Unies, à Brazzaville. La nouvelle ONG Centre d’actions pour le développement (CAD)-Congo est dirigée par Trésor Nzila Kendet, son directeur exécutif et ancien directeur exécutif de l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH). Cette nouvelle organisation se veut complémentaire dans le monde associatif congolais pour des actions encore plus responsables.

Une communication sur l’état des droits humains au Congo, présentée par Etanislas Ngodi, a marqué le lancement de cette ONG. L’orateur y a souligné trois aspects des droits humains: le cadre juridique, le bref aperçu du contexte des Droits de l’homme au Congo et les défis majeurs à relever. «Les droits humains sont un sujet sensible. Parler des droits de l’homme, c’est parler de toute la situation de gouvernance démocratique. Le Congo a tout un arsenal juridique et a adhéré à de nombreuses conventions au niveau international et régional. Mais, on se rend compte qu’on tourne en rond malgré ces textes. On a l’impression que certains textes sont pris pour satisfaire seulement les bailleurs de fonds. Car ils ne sont pas respectés, le plus souvent. Ils ne sont pas non plus connus du public, parce qu’ils ne sont pas vulgarisés. Je peux dire qu’il y a encore un vide juridique. Nous, les défenseurs des Droits humains, avons encore peur parce que nous ne sommes pas protégés. Nous n’avons pas un texte juridique qui nous protège».
Le pays, a-t-il poursuivi, est dans une situation de rétrécissement de l’espace civique. L’autocensure devient comme un moyen pour restreindre les libertés, alors que le pays a pris des engagements au niveau international qu’il est censé respecter. L’analyse du contexte permet de dire que la situation des Droits humains s’est empirée dans notre pays. Plus est, on constate deux sociétés civiles, l’une proche du pouvoir, représentée dans les institutions, qui essaie de légitimer les actions de ce pouvoir, et l’autre souvent accusée de faire le jeu de l’opposition et des bailleurs de fonds. Elle est muselée et opprimée… Les violations des Droits de l’homme prennent de l’ampleur dans le pays surtout avec la crise sanitaire. Mais, le Gouvernement ne doit pas être l’opposant de la société civile.
Trésor Nzila Kendet a pris l’engagement de lever la voix. Il devient, ce faisant, un modèle pour le pays pour avoir pris tout le courage de dire ce qu’il faut dire. Et, les réseaux sociaux nous aident quand même à avancer, a conclu le conférencier.
Selon Trésor Nzila Kendet, le CAD-Congo entend être un mouvement au cœur du changement social et politique où tous les citoyens participent activement à la promotion et à la défense des Droits humains pour construire une nation juste. Il a manifesté sa volonté d’avancer pour que le pays soit un modèle en matière de défense des Droits humains. «En accord avec sa dénomination, le Centre d’actions pour le développement doit être résolument tourné vers l’action, c’est-à-dire la proximité et la disponibilité pour toutes les personnes sans considération aucune. Son plan stratégique est un dialogue constant entre les victimes de violation des Droits humains et des politiques publiques incohérentes, les autorités compétentes et la Justice nationale et internationale. Le CAD se veut le moteur des réformes sociales pour l’amélioration de la situation des Droits humains et l’Etat de droit dans le pays.»
La cérémonie officielle de lancement s’est déroulée en présence de Jonas Wiesenecker, le chargé d’affaires par intérim de l’ambassade d’Allemagne au Congo et des responsables des ONG des Droits de l’homme, Joé Washington Ebina, président de la Fondation Ebina et Etanislas Ngodi, enseignant chercheur à l’université Marien Ngouabi, activiste des droits de l’homme et coordonnateur de l’association Avenir Nepad Congo.

Philippe BANZ