Publié et édité en 2024 à Brazzaville par les éditions Hemar, l’ouvrage intitulé: ’’Diayenika, le jeune orphelin et la palabre sorcière’’, est le premier coup d’essai et coup de maître de Marcel M’Pama-Biankouika qui vient de faire son entrée dans le cercle des écrivains congolais. Ce roman autobiographique a été officiellement porté sur les fonts baptismaux, le 18 février 2025 à Brazzaville. Il compte 55 récits, portant chacun un titre thématique.
Avec des termes techniques précis, le Pr Dieudonné Moukouamou Mouendo, enseignant à l’Université Marien Ngouabi, grand critique littéraire, a présenté ce livre: «Les faits qui sont relatés remontent à l’époque coloniale et se déroulent dans des lieux bien connus comme Missafou, Mindouli, les villages environnant ces deux localités, mais aussi à Brazzaville où se déroulent quelques évènements. Le personnage principal s’appelle Diayenika, et son père Mandré».
Ce roman, explique-t-il, «raconte des faits partagés entre la réalité et la fiction, entre le naturel, le réel et le merveilleux. Sur le plan thématique, le romancier aborde, entre autres, des aspects liés à l’histoire du Congo. Cette histoire est notamment liée à la colonisation française et à ses pratiques violentes inhumaines qui seront une réelle source de conflits avec les populations locales. Parmi les conflits évoqués, il y a la guerre des trois francs. Le romancier rappelle aussi la croissance à laquelle se livraient à l’époque coloniale, les missionnaires, protestants et catholiques pour la conversion des fidèles. Il met en lumière leurs bienfaits ainsi que leurs mauvaises pratiques…»
Outre cela, le romancier aborde «un certain nombre de thématiques actuelles comme la problématique de l’héritage. Il montre que dans les sociétés matrilinéaires, par exemple, la coutume, à tort ou à raison, reconnait au neveu le droit d’héritier des biens de son oncle. Cela se fait bien souvent au détriment des enfants et de l’épouse du défunt malheureusement. Le romancier pose ainsi, en toute subtilité, le problème lié à la superposition presque instinctive du droit coutumier et du droit positif, dans la résolution des problèmes qui minent nos familles».
Par ailleurs, «les croyances et l’imaginaire collectif occupent une très grande place dans ce roman, avec au centre, les effets et les méfaits de la sorcellerie, du fétichisme, des mauvaises croyances, les pratiques inhumaines et autres trafics d’ossement qui alimentent les plus grandes peurs collectives qui minent nos communautés et qui font que toute réussite sociale est suspecte et perçue comme une anomalie».
Toutefois, pour rendre la société plus viable, «le romancier encourage donc indirectement les valeurs liées au travail, à l’amour, à l’honnêteté. Il estime que ces valeurs peuvent être transmises aux enfants par le biais de l’école et de l’éducation traditionnelle et religieuse».
Sur les motivations de rédiger ce livre, l’auteur Marcel M’Pama-Biankouika affirme: «Cela remonte à l’âge de 15 ans, et qu’il ‘‘l’a achevé à 60 ans, au moment de faire valoir ses droits à la retraite’’. Il s’était inspiré du livre ‘’La mare du diable’’, de George Sand, écrivaine française, dont il avait lu un extrait à l’école. L’auteure n’avait que 14 ans, cela avait attiré son attention et l’avait motivé en tant que jeune garçon à avoir la volonté de suivre son exemple». Son ouvrage, affirme-t-il, «ressemble à un bol contenant de la salade de fruits. On y trouve un peu de sociologie, le juriste, l’historien, l’homme de Dieu, le gendarme et le juge trouveront ici quelque chose pour la méditation. L’enseignant, et le chef coutumier, la veuve et l’orphelin n’ont pas été oubliés. C’est une base pour la recherche dans les sciences sociales».
Pour le directeur des éditions Hemar, le Pr Mukala Kadima Nzuji, «ce livre est une somme d’expérience à des degrés différents. Toutes les expressions de la condition humaine s’y trouvent, c’est cela qui fait sa force et son intérêt. Dans ce livre il n’y a rien de gratuit: des noms, des rituels, des personnages constituent une communauté culturelle qui s’inscrit dans l’histoire et qui fait l’histoire en même temps, et c’est ça qui est impératif !».
Né à Mindouli (Pool), vers la fin de l’ère coloniale et de nationalité congolaise, Marcel M’Pama-Biankouika est diplômé en économie financière de l’Institut des Sciences économiques d’Alger (Algérie), et en politique et analyse économique de l’Université de Mont Saint-Aignan de Rouen (France).
Alain-Patrick
MASSAMBA