Voici venus les dandys de la législature, la génération 2.0 de nos députés ; celle qui n’a jamais connu le porte-plume, ni même tout à fait le stylo à bille qu’ils appellent «bic». Chez la cinquantaine des jeunes députés entrés à l’Assemblée nationale mardi, tout n’est que «logiciel», «téléchargement», «IPhone »et autres bizarreries de la modernité. Cela garantit donc au Congo, pour dans les cinq prochaines années, une vie de prospérité bien intégrée dans le langage et les attentes des décideurs qui n’ont jamais eu, comme eux, leur ordinateur bien loin.
La nouvelle classe des députés dont nous héritons arrive sourire aux lèvres, poignées de main très généreuses mais, puisqu’il s’agit d’humains et pas de machines, avec tous leurs sentiments intacts. Ce sont des tueurs, au moins au figuré, qui n’ont pas hésité à marcher sur ceux qu’ils appellent «les anciens», « les doyens » et qui, le lendemain des joutes électorales, ont savouré dans leurs salons la victoire acquise «de haute lutte». C’est-à-dire, aussi, à coups de prébendes, d’achat des votes, d’insultes à l’adversaire et de préférence ethnique ou géographique, et pas seulement à Ouesso. Comme les anciens!
Tout est une affaire d’ADN : puisqu’ils sont les fils des pères, personne ne peut activer une alchimie qui fasse qu’un tigre accouche d’une chèvre. Impossible ! Ils n’ont eu pour référents que leurs environnements immédiats, avec les pratiques qui nous valent aujourd’hui d’avoir seulement gagné «un point de frémissement» dans la liste les pays les plus corrompus au monde, alors que nos hôpitaux sont toujours des mouroirs, et nos écoles des fabriques à chômeurs. Eux, va savoir pourquoi, ont les meilleurs diplômes en poche.
Ils sont trilingues, c’est-à-dire qu’en plus du français, du kituba et du lingala (une performance à la portée de tous !), ils ont ajouté d’autres langues qui ne se parlent que dans les pays froids. Et qui sont aussi, curieusement, les pays dans lesquels œuvrent les hommes à cravate et ordinateur qui, d’un claquement des mains, peuvent nous produire un pont, un dispensaire et une école en, nous expliquant que nous sommes très endettés, mais qu’ils vont faire un effort pour nous. Des pays qui vous parlent d’arrêter cette corruption que l’on à ras de terre, mais dont les effluves ne peuvent pas arriver au cinquième étage d’une banque.
Dans cinq ans, donc, nous allons voir ce que nous allons voir. La jeune génération qui s’invite au Parlement fera plus que compter les défaites de notre équipe nationale de football ; slalomer entre les nids de poule de nos villes ; s’armer de patience devant les délestages intempestifs ; remplir les corbillards par fournées. Eux, vont faire le contraire de ce que nous ont montrés leurs pères, promis, jurés : vous allez voir ce que vous allez voir !

Albert S. MIANZOUKOUTA