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3è mandat

L’Afrique Centrale présente la paradoxale particularité d’être à la fois la région d’Afrique la plus stable, mais aussi la moins exemplaire en matière de démocratie. Nous sommes assez loin des tumultes qui aujourd’hui agitent le nord ou l’ouest du Continent, même s’il n’en a pas toujours été ainsi. Nous sommes stables parce que nous possédons des régimes qui durent, durent.
L’attachement de notre région à la stabilité, vertu qui serait à saluer en d’autres circonstances, n’a d’égale que notre agilité à contourner les textes. A enjamber nos propres lois, à jurer sans rien garantir; à nous complaire dans les demi-mesures pourvu que les apparences soient sauves. Notre stabilité élargie est telle que nous ne nous en rendons même plus compte. Stable, c’est tout !
C’est tout ? Pas vraiment. Car il semble que nous soyons également amoureux des troisièmes mandats, même (surtout) quand nos Constitutions nous l’interdisent. Et il semble que le club soit appelé à s’élargir. En effet, ces dernières semaines, le débat sur un troisième mandat possible pour le Président Faustin Archange Touadéra en Centrafrique s’enflamme aussi. Faut-il ou ne faut-il pas autoriser au Président ce que lui interdit la Constitution ?
Stabilité, troisième, voire huitième mandat et propension à ne retenir de la démocratie que le mot, pas la substance : nous sommes l’Afrique Centrale. Ce n’est pas vers nous que les puristes se tournent lorsqu’il s’agit de rechercher en Afrique les plus méritants en matière d’alternances et de processus démocratiques. Ce n’est pas, quoique nous fassions pour nous convaincre du contraire, parmi nous que se dégage le premier de la classe.
Nous sommes donc stables, mais pas démocrates. L’idéal serait que nous fussions les deux ; que nous emportions la palme des meilleurs dans les processus électoraux, ensemble avec notre si exemplaire stabilité qui nous tient loin des coups d’Etat. Alors, c’est perdre son temps que de faire semblant d’échafauder tous les faire-semblant. Les rédacteurs de nos Constitutions feraient bien de nous mener directement à la case à cocher, entre «limité» et «à vie».
Nous ferions l’économie de quelques coûteuses élections dont le résultat est, de toute façon, plus fait pour assurer une stabilité artificielle qu’à exprimer la véritable aspiration des peuples.

Albert S. MIANZOUKOUTA

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A propos de l'auteur

Editorial

CONSCIENCE D’UNE NATION

Il est surprenant que le Congolais, malgré les événements pesants qui lui sont tombés dessus dans cette décennie ou les décennies antérieures garde la bourse de ses préjugés intacte. Il repart bien volontiers sur les horreurs de la guerre tribale de 1959, pour en faire le marqueur de l’histoire qu’il conserve et entretient. « Quel est votre nom déjà ?»

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