La page des élections législatives tend à se tourner définitivement. Le Parti congolais du travail a réaffirmé sa suprématie sur la vie politique du pays en raflant la majorité absolue des sièges au Parlement. Victoire acquise normalement ou, accuse l’opposition, par les moyens de contournement de toujours : le fait est que nous en avons pris pour cinq nouvelles années d’Etat PCT. Et que les réussites et les échecs d’ici aux prochaines législatives lui seront largement imputables.
Il fallait bien un vainqueur et des perdants ; il fallait bien les plaignants de toujours qui contestent toujours ; il fallait aussi la frayeur suscitée par la brassée des fackenews. Au fait, Mouyondzi brûle-t-il ? Si non, c’est donc que tout ce qui a été annoncé, y compris par nous autres les journalistes, n’aura servi qu’à se faire peur. Dans une localité où Mme Claudine Munari semble bien implantée, Mme Lydia Mikolo, toute fille du coin et tout PCT qu’elle soit, ne pouvait que s’incliner sportivement.
Nous venons de passer un mois fou où, à défaut des violences annoncées, nous avons eu droit à une psychanalyse qui nous a révélés en tant que peuple. Nous nous sommes soumis à une psychanalyse qui ne nous a pas révélés les uns aux autres (nous nous connaissons !) ; elle nous a confortés sur les lignes de fracture sur lesquelles se hérissent nos murs de crète. Ce qui se dit tout bas et que nous comprimons du mieux que nous pouvons pour ne pas le laisser paraître, est surgi de nos bouches sous les fatwas les plus décapants.
Nous avons feint de nous en indigner. Nous avons feint de condamner ceux qui tenaient des propos visiblement haineux, tribalistes et ostracisant. En d’autres temps, qui aurait osé proclamer, dans un pays où les violences tribales du début des indépendances sont dans l’esprit de tous et règlent les codes de pouvoir, de recrutements et de positionnement social, que Ouesso n’est pas la terre des non-PCT ? Comment aurions-nous pu accepter qu’un artiste décrète une «langue du pouvoir» ? Et qu’un ministre proclame péremptoirement qu’ils ne peuvent quitter le pouvoir parce qu’ils n’ont pas achevé leur travail ?
Nous avons entendu cela sans véritable surpris indignation, parce que nous savons que c’est cela la logique qui régit nos règles de vie au Congo et que tout le reste est pur vernis. Que la réalité socio-politique révélée par ces élections nous a donné à voir le patchwork d’un Congo où chacun a son bout de terroir, et son bout d’ethnie. Ouesso ou Mouyondzi, aucune importance, pourvu que les nôtres soient là où la tribu les veut. Et tant pis pour ceux que la cigogne n’a pas déposé du bon côté du nid. «Pas un ministre, pas même un député dans votre famille? Désolé : écartez-vous de notre chemin vers l’écuelle !»

Albert S. MIANZOUKOUTA