Te voilà parti rejoindre tous ceux qui nous y ont déjà précédés. Je ne cesse de vivre chaque jour et à tout instant, ta brutale disparition. Je n’y puis rien. C’est plus fort que moi. Je m’efforce à ne pas accepter ta mort qui me prive, m’a privé et me privera d’un frère, d’un ami et d’un être cher qui a privé le peuple congolais, ta famille, nous tes frères, tes amis et tous ceux qui, de près ou de loin, t’admiraient, d’un être humain aussi merveilleux, humble, altruiste et patriote que toi.

Ces jours-ci, je me permettrais de te dire avec Charles Péguy que: «La mort n’est rien. Tu es seulement passé, dans la pièce d’à côté. Je continue à rire de ce qui nous faisait rire ensemble. Je pense à toi, je prie pour toi. Je prononcerai toujours ton nom, partout, comme il a toujours été, sans emphase d’aucune sorte, sans une trace d’ombre. La vie signifie ce qu’elle a toujours été. Le fil n’est pas coupé. Pourquoi serais-tu hors de mes pensées, simplement, parce que tu es hors de ma vue? Tu n’es pas loin, juste de l’autre côté du chemin.»

Mon très cher frère Jean-Pierre,
Laisse-moi ajouter à ton endroit, que tu étais, avec tes qualités et tes défauts, très humble, toujours à l’écoute des autres et altruiste. Tu as laissé à nous, tes frères, un riche héritage, notamment l’amour pour le pays et pour le peuple congolais; le respect de la chose publique et l’attachement aux valeurs républicaines; la notion, le sens du devoir et la glorification du travail et l’attachement aux valeurs républicaines; l’humilité et le respect de tout être humain; la résolution des problèmes par le dialogue et non par la violence. Ce qui explique tes nombreuses démarches, en tes qualités de vénérable sénateur de Mbanza Ndounga et de président du PCT dans le Pool, en vue de trouver la solution adéquate à la crise du Pool. Ta sagesse et ton habileté, cela va sans dire, m’ont fasciné.
Elle me plaisait, ton attitude de bon citoyen intègre qui savait l’importance de la joie et la prônait par l’exemple, motivé, convaincu et enthousiasmé par la réussite de nos nobles idéaux communs dont la paix, le dialogue, la tolérance, la liberté, l’égalité et la fraternité.
Avec toi, j’ai compris aussi le sens profond de l’amitié et de la fraternité. A ce propos, tu ne cessais de dire à qui voulait l’entendre qu’il fallait être fidèle en amitié, quelles que soient les circonstances, tant dans le bonheur que dans le malheur. Oui, mon très cher frère Jean-Pierre, j’ai appris à tes cotés:
1/ qu’un ami véritable était une douce chose;
2/ que l’amitié était la plus étroite des parentés;
3/ que pardonner était une action plus noble et plus rare que celle de se venger.
Mon très cher frère Jean-Pierre, homme politique, tu l’as été; un homme politique fidèle à ses convictions et aux idéaux de son parti politique, le P.C.T. Tolérant jusqu’au bout des ongles, tu respectais nos convictions opposées aux tiennes. Tu nous laisses l’image d’un homme qui a aimé notre pays, le Congo, et le peuple congolais.
Enfin, je conclurai ce mot d’au revoir, en paraphrasant Kipling dont nous avons souvent lu son poème: «Tu seras un Homme, mon fils», pour te dire que je «t’ai vu supporter d’entendre tes paroles travesties par tes adversaires pour exciter leurs militants, et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles sans mentir toi-même d’un mot. Que tu étais bon, que tu savais être sage sans être moral ni pédant. Et que tu fus un HOMME», Jean-Pierre.
Là où tu es, prie pour la paix véritable et pour l’unité au Congo, prie pour le peuple congolais dont tu as été l’un des serviteurs, prie pour ton département du Pool, aujourd’hui meurtri, prie pour ta chère épouse, pour tes enfants, pour tous les membres de ta famille et pour nous, tes frères, qui t’avons aimé et t’aimerons toujours. Nous, tes frères, qui gémissons, gémissons, gémissons et espérons.
Au revoir Jean-Pierre et repose en paix! J’ai dit.

Dieudonné
ANTOINE-GANGA