Il était très attendu, le nouveau Gouvernement du Président Denis Sassou-Nguesso, réélu à la tête du pays depuis le 6 avril 2021. Après des semaines d’attente et de supputations quant aux résultats des élections, et à la nomination du nouveau Gouvernement, nous connaissons désormais les compatriotes qui présideront aux destinées du pays pour ce nouveau mandat.

Depuis le 12 mai 2021, le nouveau Premier ministre, chef du Gouvernement, était nommé. Il s’agit de M. Anatole Collinet Makosso, qui remplace à ce poste M. Clément Mouamba, lequel avait déposé sa lettre de démission le 5 mai, après la prestation de serment de S.E. Denis Sassou-Nguesso, élu pour un cinquième mandat de cinq ans.
Le samedi 15 mai 2021, nous découvrions les autres membres du Gouvernement. Il s’agit, pour la plupart, de personnalités reconduites dans l’équipe gouvernementale du pays. Onze nouveaux venus y ont fait leur entrée, tandis que huit en sont sortis. Le nouveau Gouvernement compte donc un total de 34 ministres, dont 26 hommes et 8 femmes, soit un quota de 23,25% de femmes.
Pourtant, l’égalité homme-femme étant consacrée dans la Constitution congolaise, notamment en son Article 17, l’on se serait attendu à une représentation équitable aux postes de décision, électifs ou administratifs entre Congolais et Congolaises.
La parité est une méthode tendant à garantir une représentation égale des femmes et des hommes dans un domaine particulier, de manière à ce qu’ils participent, de manière égale, aux processus de développement en tant qu’agents et bénéficiaires. La parité renvoie à l’idée d’égalité numérique de répartition.
L’équité, c’est la prise en compte des spécificités et des besoins de chacun, de la position défavorable d’un groupe d’individus afin d’assurer leur accès aux ressources et la participation maximale de chacun (e) au développement! C’est un moyen par lequel le but de l’égalité est atteint.
La République du Congo, dans son corpus normatif, notamment sa Constitution, garantit l’égalité de droits entre hommes et femmes, en son article 17. La loi garantit la parité et assure la promotion ainsi que la représentativité de la femme à toutes les fonctions politiques, électives et administratives. Au regard de la Constitution congolaise, où en sommes-nous avec la politique de l’intégration Genre? Qu’en est-il de l’équité? Et que dire de la mise en œuvre effective du principe de parité?
Outre les textes nationaux, le Congo a ratifié, adhéré et adopté des instruments juridiques régionaux et internationaux relatifs à l’égalité de genre. Ce sont, entre autres:
-La Déclaration universelle des droits de l’Homme;
-Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques ;
-La Convention sur l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) ;
-La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples ;
-La Résolution 1325 du Conseil des Nations unies ;
-La charte des Nations unies;
-L’Acte Constitutif de l’UA.
Depuis l’indépendance, jusqu’en 2015, la République du Congo a compté 340 ministres, dont 18 femmes seulement, soit une représentation féminine de 5,5%. En 2016, l’on comptait 38 ministres, dont 8 femmes. Soit un taux de 21% de femmes. Avec les récentes nominations, ce taux a légèrement progressé à 23,52%, encore loin des 30% souhaités.
De nos jours, la représentation féminine dans les sphères de décision au Congo reste cependant faible. L’an dernier, les nominations aux postes de sous-préfets ont vu une représentation féminine de 5,5% et celles d’administrateurs-maires ont totalisé un pourcentage féminin de 26,08%.
Penser le Congo d’aujourd’hui et notamment son développement nécessite également de revoir la participation de la femme au développement. En effet, l’objectif de développement durable (ODD5) «Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles» contribue à l’instauration d’un monde plus pacifique, prospère et durable. L’avenir du Congo repose donc aussi sur la prise en compte de la parité hommes-femmes.
En outre, il serait souhaitable que des portefeuilles ministériels tels que ceux de la Défense, des Affaires étrangères, etc. soient confiés aux femmes. Nous souhaitons, par ailleurs, voir des femmes hissées au grade de Général dans les Forces armées, sur la base du mérite bien entendu.
Notre pays pourrait s’inspirer de l’exemple du gouvernement paritaire éthiopien composé de 10 femmes et 10 hommes. Une première dans ce pays, où le portefeuille de la Défense a été confié à une femme. Il s’agit d’une nette évolution pour ce pays dont l’ancien Gouvernement comptait 28 ministres, dont seulement 5 femmes. D’autres cas sont remarquables sur le Continent, notamment celui du Rwanda.
Nous ne plaidons pas ici pour un parachutage des femmes aux hautes fonctions juste pour être en conformité avec les statistiques. Nous revendiquons une plus grande représentativité des femmes à fort potentiel dans toutes les sphères publiques.

Chancelle
BILAMPASSI MOUTSATSI

N.B.: Les points de vue exprimés dans nos colonnes ne reflètent pas forcément les convictions de notre journal.