Au cours des décennies 1960, 1970, à l’Hôpital Général de Brazzaville, de nombreux enfants arrivaient au triage (actuel service des urgences) dans un état grave et certains déjà décédés. Cependant, par la suite des avancées significatives ont été relevées et ce, grâce à la mise en œuvre des programmes nationaux sanitaires. Ceux-ci ont été suggérés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), à travers diverses stratégies. Il s’agit de: programme élargi de vaccination, lutte contre le paludisme, contre la tuberculose, contre les maladies diarrhéiques, surveillance nutritionnelle de l’enfant, etc.

Parallèlement, le développement des structures sanitaires et la promotion de la formation des cadres ont contribué à l’amélioration de la situation.

1- Des vaccinations
C’est dans le domaine de la vaccination que les progrès les plus manifestes ont été accomplis. Ainsi, l’historique vaccin DT Coq a permis l’éradication de la diphtérie et de la poliomyélite.
Le tétanos néo-natal est devenu anecdotique, grâce à la vaccination de la femme pendant la grossesse, tout comme le tétanos pendant l’enfance.
La coqueluche chez le nourrisson a été rangée dans les oubliettes.
Quant à la rougeole, cette «grande tueuse» d’hier, de par son vaccin administré dès l’âge de 9 mois, elle ne s’observe plus sous forme de grandes épidémies comme naguère.
Avec le BCG (Bacille de Calmette et Guérin), vaccin contre la tuberculose, appliqué dès la naissance, ont disparu les formes graves de cette maladie tels que la méningite tuberculeuse et le mal de Pott (atteinte vertébrale). La gratuité du traitement antituberculeux a constitué une valeur ajoutée.

2- Du paludisme
La lutte contre le paludisme reposait initialement sur l’usage de la moustiquaire et sur la prise quotidienne de la Chloroquine à titre préventif (chimio prophylaxie). Puis avec l’apparition des résistances du parasite (plasmodium) vis-à-vis de la Chloroquine, celle-ci a été délaissée. Depuis qu’à titre curatif, de nouvelles molécules (arthémether notamment) ont été actées, les formes graves de paludisme (paludisme cérébral, anémies sévères) sont devenues moins fréquentes.
3- De la malnutrition
Certes, la malnutrition persiste chez l’enfant dans notre pays. Cependant, certaines formes graves ont disparu comme le fameux Kwashiorkor fait d’œdèmes (gonflement) du visage et des membres, au pire d’aspect de grand brulé. Celui-ci a seulement été aperçu de nouveau lors des derniers conflits armés. Mais aujourd’hui, sont encore signalés chez l’enfant des états de grande maigreur (marasme), liés à des apports alimentaires quantitativement déficitaires (sous-nutrition).
Le programme de surveillance nutritionnelle a pour vocation de détecter ces malnutris et de les soumettre à un protocole thérapeutique approprié.

4- De la diarrhée du nourrisson
Hier, la diarrhée du petit enfant était volontiers à l’origine d’une déshydratation sévère, responsable possible de décès, sinon de séquelles neurologiques (débilité mentale, paralysies). Mais depuis que l’OMS a préconisé chez tout nourrisson diarrhéique, l’administration systématique d’une solution de réhydratation orale (eau salée et sucrée), ces formes graves de déshydratation se sont raréfiées.

5- Des vers intestinaux
Les vers intestinaux offraient jadis des spectacles mémorables. Il s’agissait d’une part d’émissions massives d’ascaris par l’anus, par la bouche, voire par le nez. Et les chirurgiens ont opéré des enfants d’occlusion intestinale du fait de l’obstruction de l’intestin par un amas d’ascaris.
D’autre part, il était question d’un autre vers nuisible pour l’enfant, l’ankylostome, «suceur de sang». Combien d’enfants n’étaient-ils pas admis à l’hôpital pâles, exsangues du fait d’une anémie sévère en rapport avec une ankylostomiase. La liste de ces vers n’est pas exhaustive, seuls les plus délétères sont rapportés ici.
Depuis que l’OMS a recommandé l’administration régulière des médicaments contre les vers, et ce à partir de l’âge de 6 mois, ces tableaux de triste mémoire ne s’observent plus.

Les autres problématiques

La drépanocytose et le Sida sont de préoccupation relativement récente. Ils font l’objet de stratégies thérapeutiques spécifiques qui assurent aujourd’hui à l’enfant une survie plus longue et de meilleure qualité.
En conclusion, la santé de l’enfant congolais s’est améliorée au cours du dernier demi-siècle pour deux raisons majeures: d’une part, certaines maladies ont été éradiquées grâce à la vaccination, d’autre part, de nombreuses autres ont perdu de leur gravité.
Cette amélioration est encore attestée par des chiffres qui mettent en évidence les baisses observées de la mortalité à différents niveaux. Il s’agit ici: chez les enfants de moins de 28 jours, de la mortalité néonatale entre 28 jours et moins de 12 mois de la mortalité infantile, puis entre 12 mois et moins de 5 ans de la mortalité infanto juvénile.
De 1960 à nos jours, les taux de mortalité correspondant sont passés respectivement de 101 pour 1000 naissances vivantes à 210/00, de 1430/00 à 360/00 et de 2200/00 à 170/00; soit une réduction respective de 79%, 75% et 92%.
Il s’agit là, évidemment, d’une évolution favorable. Cependant, de nombreux défis restent à relever. En effet, d’une part, ces taux s’avèrent encore élevés, en comparaison à ceux des pays avancés.
En France, par exemple, les taux de mortalité néonatale et infantile sont actuellement de 2,1 0/00 et 3,70/00, soit dix fois moindre que ceux observés dans notre pays. D’autre part, il existe chez nous un gradient milieu urbain-milieu rural élevé avec un différentiel d’environ 40% pour la mortalité infantile.