Déficit énergétique, difficile accès à l’eau potable, offre de santé pas trop satisfaisante,…Trop, c’est trop ! Pour la Commission Justice et Paix (CJP) de Pointe-Noire, il est temps pour la femme congolaise, principale victime d’une situation aussi irrespirable, de sortir du silence…. Et proposer des solutions adéquates.

Venues de plusieurs confréries et paroisses de la ville, elles étaient un échantillon de plus de cent femmes catholiques à avoir participé le 12 mars dernier à une rencontre citoyenne organisée par la Commission Justice et Paix (CJP) dans le cadre de la journée du 8 mars dédiée à la célébration internationale des droits des femmes.
-Et parmi les droits des femmes, figure en bonne place le droit à une bonne qualité de vie. L’objectif essentiel était donc de «mener une réflexion sur la qualité de vie de la femme congolaise», selon les propos de madame Rita Mabyalhat, Responsable du Programme sur la Transparence au sein de la CJP.
Si ce service catholique de défense des droits humains n’a pas énuméré tous les indices ou aspects inhérents à la qualité de vie, l’accent a été mis sur l’accès à l’eau potable, à l’électricité et à la santé. Et le jeu en vaut la chandelle vu le contexte.

La femme, victime potentielle
Au Congo-Brazzaville, le taux d’électrification est de 47 % en zone urbaine pour un taux d’électrification rural de 5 %, d’après des autorités du pays. Par ailleurs, selon une récente étude du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), le taux d’accès à l’eau potable est de 66% en milieu urbain, et de 47 % en zone rurale, soit un total de 56% de couverture nationale.
«Regardez comment nos mamans en sus de leurs dures et contraignantes tâches quotidiennes fournissent des efforts supplémentaires pour pousser des brouettes, des pousse-pousses ou d’autres engins à la recherche ou pour le transport de l’eau», a expliqué Rita Mabyalhat.
«Je ne sais pas depuis quelle année l’eau a coulé dans notre quartier. Il faut donc parcourir de longues distances et effectuer des dépenses supplémentaires», a raconté Stéphanie Arlette Tsala de la confrérie Sainte Rita de la Paroisse Saint François, dans l’arrondissement 3 Tié-Tié.
Et ce n’est pas tout…. Des coupures intempestives au manque d’éclairage public dans plusieurs zones en passant par la qualité et le coût des soins dans des structures surtout publiques, le non-respect de la gratuité de la césarienne et du traitement du paludisme pour les enfants de zéro à 15 ans, chaque participante a égrené tout un chapelet des maux qui mettent à mal la qualité de vie des Congolais en général et des femmes congolaises en particulier.
C’est dire jusqu’à quel point la femme congolaise paie depuis des lustres, un lourd tribut à une situation fort intenable relevant selon toute vraisemblance, d’une gouvernance pas trop efficace. «Ces questions concernent beaucoup plus les femmes, car elles sont les plus impactées par les pénuries d’eau, les délestages ou coupures intempestives, les coûts prohibitifs ou la qualité de l’offre sanitaire dans notre pays», selon les explications de monsieur Brice Mackosso, Secrétaire Permanent de la CJP.
«La femme est impactée sur plusieurs plans: économique, sanitaire, etc. Tous on sait quel est le rôle de l’eau dans l’hygiène et quelle est la place de l’hygiène dans la santé d’une femme. Aujourd’hui beaucoup de femmes commencent à se débrouiller par elles-mêmes. Elles n’attendent plus tout de l’époux. Mais lorsque des facteurs exogènes comme le manque d’électricité empêchent une femme de vendre par exemple son sorbet, c’est un véritable frein à son autonomisation», selon Virginie Tchitchama Yoka de la confrérie Notre Dame de Sacré Cœur de Jésus de la Paroisse Saint Pierre Apôtre de l’arrondissement 1 Lumumba.

Prise de conscience et actions
Mais, que faire? «Se lamenter à longueur de journée n’est nullement une solution durable», a encore prévenu monsieur Brice Mackosso. «Il est temps que vous femmes commenciez par prendre conscience de ces maux et que vous fassiez entendre votre voix au sujet de ces questions», a-t-il recommandé.
Le défenseur des droits humains a ainsi annoncé une enquête que la CJP entend mener sur la qualité de vie auprès des femmes congolaises tout en invitant les femmes à s’y impliquer de manière active. «Tant que vous resterez silencieuses et inactives sur ces questions, personne n’y pensera. Joignez-vous à la CJP, participez à l’enquête qu’on entend mener sous peu. Ceci, pour que nous menions ensemble des actions citoyennes afin de faire bouger les lignes», a martelé monsieur Brice Mackosso.
L’abbé Euloge Lembella Nzaou, curé de la paroisse Sainte Joséphine Bakhita, coordonnateur de la CJP, a pour sa part recommandé aux femmes de répandre les enseignements reçus afin d’impliquer d’autres, même les non-catholiques à cette réflexion sur la qualité de vie des femmes. Des rencontres similaires devraient se faire dans les départements du Niari et de la Bouenza.
Toutefois, cette démarche de la CJP n’est pas sans rappeler de précédentes actions menées par des structures catholiques. En mars 2007, l’Union Diocésaine des Religieuses de Pointe-Noire avait rendu public un rapport sur l’accès à l’eau dans la ville de Pointe-Noire. Par la suite, le 25 mars de la même année, une messe dite des «bidons jaunes» avait été dite en la Paroisse cathédrale Saint Pierre-Apôtre, messe pendant laquelle les fidèles avaient demandé à Dieu de remplir d’eau leurs bidons.
Concernant l’accès à l’électricité, depuis 2017, la CJP mène un plaidoyer auprès des autorités et des compagnies pétrolières, pour l’électrification de toutes les communautés riveraines des installations pétrolières dans les districts de Hinda, de Loango et de Tchiamba-Nzassi.
Quant à l’accès effectif aux soins de santé, dans le cadre de son appartenance à la coalition Publiez Ce Que Vous Payez-Congo, elle contribue activement au suivi des investissements publics dans le domaine de la santé, lequel est sanctionné par un rapport chaque année.

La Commission
Justice et Paix de Pointe-Noire