Jamais plus que par les temps présents notre diplomatie n’a eu besoin de marquer les étapes de son évolution. Nos temps sont incertains. Les guerres se succèdent, et, naissant de points bien circonscrits pour s’étendre et prendre de l’ampleur par cercles concentriques pour concerner le monde entier. C’est le cas de la crise entre la Russie et l’Ukraine. C’est le cas aussi, bientôt, de ce qui n’était qu’une altercation entre deux généraux rivaux au Soudan. Ou hier de la guerre en Libye.
C’est un contexte qui, plus que jamais, demande des éclaircissements à chaque étape de l’Histoire. Dans ce sens, nos confrères de Télé Congo ont fait œuvre utile en nous proposant lundi 1er mai au soir un entretien avec l’ambassadeur de France. François Barateau s’y est prêté avec une sorte de spontanéité et une jovialité qui ne semblaient pas de pure feinte. Certes, un ambassadeur est habitué à noyer le poisson et à «vendre» son pays, à enrober les mots. C’est légitime, d’ailleurs.
Mais lundi soir cet entretien, intervenant trois mois après le passage rapide à Brazzaville du Président français Emmanuel Macron, m’a semblé vouloir fixer les choses et les rendre plus intelligibles. Sortir des slogans et regarder les faits. Pas de nuage entre le Congo et la France ; pas de jalousie que le Congo soit en partenariat de développement avec d’autres pays, Russie ou Chine ; pas d’essoufflement de la France dans sa politique de coopération avec le Congo et, surtout, pas de sentiment anti-français au Congo. Pas trace d’un ressenti en tout cas.
Nous sommes une région qui est généralement en queue de peloton comparée aux autres. Pour notre corruption ou notre climat des affaires, en gestion des finances publiques : nous sommes souvent les derniers. Mais les manifestations d’hostilité pour de vaines vengeances d’un passé colonial ne sont sans doute pas les instruments d’éveil de conscience les plus adaptés aujourd’hui. Au point que notre indépendance en vaut sans doute celle des autres, et lundi soir dernier Chanel Bouranghon et François Barateau ont essayé de nous le faire comprendre.
Si le climat de paix est celui qui convient pour le développement des affaires, il nous faut nous réjouir de cela entre le Congo et la France. L’Agence française de développement, c’est une vingtaine de projets qui pèsent 433 milliards au Congo, il en faudrait certainement plus. Ils vont de la santé à l’agriculture, de l’éducation à la culture, de la Corniche à Makélékélé ou au CFRAD. C’est le fruit d’un partenariat ancien, qui en générera sans doute d’autres. «Le temps des situations acquises est révolu», dit M. Barateau, pas celui de rêver ensemble..

Albert S. MIANZOUKOUTA