Brazzaville, février 2025 – Face à l’urgence écologique, la République du Congo s’engage dans une nouvelle approche de conservation. Le pays a lancé un vaste processus pour identifier et reconnaître les Autres Mesures de Conservation Efficaces par Zone (AMCEZ), une initiative clé pour atteindre l’objectif 30×30 fixé par le Cadre Mondial pour la Biodiversité.
Une nouvelle stratégie pour protéger la biodiversité

Avec 30 % de ses terres et eaux à préserver d’ici 2030, le Congo doit innover au-delà des aires protégées classiques. Les AMCEZ permettent d’intégrer des zones où des pratiques durables assurent la conservation de la biodiversité, même en dehors du réseau formel des parcs et réserves.
«La reconnaissance des AMCEZ est une opportunité majeure pour la conservation à long terme», souligne Madame Arlette Soudan-Nonault, Ministre de l’Environnement. «Elle repose sur l’engagement d’une diversité d’acteurs: peuples autochtones, secteur privé et agences gouvernementales.»
Un atelier clé pour structurer le projet

Les 12 et 13 février 2025, un atelier national à Brazzaville a rassemblé des représentants du gouvernement, des experts en conservation, des ONG et des institutions locales. Organisé par le Ministère de l’Environnement, avec le soutien de WCS avec l’appui de Bezos Earth Fund, l’événement a permis de tracer une feuille de route claire.
Au cours de cet atelier, les participants ont été sensibilisés aux enjeux et opportunités des AMCEZ au Congo. Le processus d’identification et de reconnaissance des AMCEZ leur a été présenté et ils ont ensuite discuté du cadre juridique, de la méthodologie et des sites potentiels.
«Les AMCEZ sont une solution pragmatique et inclusive pour renforcer la conservation, en reconnaissant l’expertise et les pratiques de gestion durable déjà en place sur le terrain. Ce processus permettra d’élargir les efforts de protection au-delà des aires protégées traditionnelles et de mobiliser davantage d’acteurs pour préserver la biodiversité congolaise.» explique Dr Michel Masozera, Directeur des Politiques et Partenariats Institutionnels pour l’Afrique à WCS,
Suivi d’une première réunion de coordination
Le 14 février, un Groupe de Coordination Nationale a été mis en place pour piloter le projet. Cette instance rassemble des représentants du public, du privé, des ONG et des communautés locales, garantissant une approche participative.
Les premières zones pilotes identifiées incluent le Corridor Odzala-Kokoua – Ntokou-Pikounda, les Terres Kabounga, Liranga Makao et le Littoral congolais. Si elles sont reconnues comme AMCEZ, elles bénéficieront d’un cadre de gestion spécifique, respectant les standards de l’UICN et les réalités locales.
Quels défis pour la mise en oeuvre ?
L’initiative est ambitieuse, mais sa réussite dépendra de plusieurs facteurs, notamment la mise en place d’un cadre légal solide pour officialiser ces nouvelles zones de conservation, le financement des projets locaux via des fonds internationaux, et l’adhésion des populations locales, dont les pratiques doivent être valorisées plutôt que restreintes.
«Pour que ces efforts portent leurs fruits, il faudra une réelle collaboration entre gouvernements, ONG et acteurs économiques», estime un expert en conservation qui suit le projet de près.
Avec cette initiative, la République du Congo pourrait se positionner comme un modèle régional de conservation intégrée. Les prochains mois seront déterminants pour assurer la reconnaissance et la mise en oeuvre effective des AMCEZ.