A l’instar d’autres pays africains, le paludisme est un problème de santé publique au Congo. C’est l’une des principales causes de consultation, d’hospitalisation et de mortalité. Selon le docteur Antoine Loussambou, directeur du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), la lutte contre cette infection parasitaire due au plasmodium est multisectorielle au Congo. Dans l’interview qu’il nous a accordée, il fait aussi le point de la situation dans le pays, ainsi que des actions menées en matière de lutte.
*Quelles sont les manifestations du paludisme?
** Pour le paludisme simple: la fièvre, les frissons, les maux de tête, les vertiges, les vomissements, les douleurs musculaires, la fatigue généralisée et la perte d’appétit. Mais il faut un test pour déterminer si vous avez le paludisme. Pour le paludisme grave, les signes cliniques de gravité les plus fréquents sont: les troubles de la conscience, l’incapacité de marcher ou de s’asseoir sans assistance (léthargie), l’incapacité de s’alimenter, les convulsions, la détresse respiratoire, la jaunisse, le pâleur, l’émission des urines foncées, les vomissements et le coma. Cette maladie constitue la première cause de consultation dans les centres de santé.
*Quelles sont ses conséquences sur le plan personnel et communautaire?
**Il faut d’abord signaler que les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes constituent les couches les plus vulnérables. Cependant, toute la population est exposée au paludisme. Pour les conséquences, on signale l’absentéisme au travail et à l’école ; le faible poids de naissance des nouveau-nés ou l’arrêt de la grossesse, l’avortement chez la femme enceinte, le décès chez les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes.
*Comment se présentent les statistiques?
**Selon le rapport de l’OMS 2024, le Congo a enregistré 1.327.964 des cas de paludisme et 2.244 décès en 2023. L’incidence du paludisme pour 1.000 a baissé de 237,7 à 215 entre 2019 et 2023 et la mortalité liée au paludisme pour 100.000 habitants est passée de 42 à 36 décès à la même période. Selon le rapport du PNLP, le paludisme a constitué 46 % des motifs de consultation, 33 % d’hospitalisation et 22 % de cause de décès en 2024. Chez les enfants de moins de cinq ans, le paludisme a représenté 44 % des causes de consultation, 37 % d’hospitalisation et 30 % de décès au niveau des hôpitaux.
*Quelles sont les solutions pour lutter contre le paludisme?
**Le Gouvernement a mis en place le Programme national de lutte contre le paludisme, dont les principales interventions contenues dans le plan stratégique national sont: la lutte anti vectorielle qui consiste à améliorer l’accès universel à la moustiquaire imprégnée d’insecticide à longue durée d’action (MILDA) des communautés congolaises; la promotion des répulsifs et la destruction des gites larvaires; la prévention du paludisme chez la femme enceinte et les nourrissons en administrant au moins trois doses du médicament appelé Sulfadoxine pyriméthamine; la prise en charge des cas de paludisme (cas simples au niveau communautaire et dans les formations sanitaires du premier échelon de la pyramide sanitaire; cas graves au niveau des hôpitaux). Une mesure de gratuité du traitement du paludisme pour les enfants de moins de 15 ans et les femmes enceintes dans toutes les structures publiques et confessionnelles a été décrétée en juin 2018. Le PNLP réalise la surveillance épidémiologique et des enquêtes en vue de l’identification des résistances aux médicaments antipaludiques usuels et aux insecticides utilisés dans la lutte anti vectorielle.
*Quel est le meilleur traitement pour lutter contre le paludisme?
**L’OMS recommande l’utilisation des médicaments associant l’Artémisinine. Cette recommandation a été reprise par le PNLP sous forme de directives nationales vulgarisées dans les formations sanitaires. Pour le paludisme grave, le traitement de base se fait avec l’Artésunate ou l’Artémether injectable et rarement avec la quinine injectable.
*Le vaccin contre la maladie pourrait-il arriver?
**Comme d’usage, l’introduction du vaccin contre le paludisme (Mosquirix/RTS, S et R21), déjà homologué par l’OMS, exige du Congo et de ses partenaires d’élaborer les documents techniques qui permettront la mise en œuvre de cette intervention à haut impact, puisque nécessitant plusieurs préalables.
Propos recueillis par
Philippe BANZ
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